L'héritage du Docteur Bourneville

L'héritage du docteur Bourneville

Médecin considéré comme l'un des tout premiers pédopsychiatres et humaniste qui contribua à la laïcisation des hôpitaux, Désiré-Magloire Bourneville a marqué de son histoire celle de Vitry.

À l'entrée du parc du Coteau, côté avenue Maximilien-Robespierre, un “B” ouvragé couronne le portail en fer forgé. L'initiale rappelle qu'à la fin du XIXe siècle, le Dr Désiré-Magloire Bourneville créa à Vitry le premier institut médico-pédagogique (IMP) de France. Aujourd'hui oublié, ce médecin pionnier dans la prise en charge des enfants affectés d'une déficience intellectuelle était également un homme politique influent et un réformateur d'avant-garde.

Né en 1840 dans l'Eure, Bourneville devint interne des hôpitaux en 1865 et reçut l'enseignement de Charcot à la Salpêtrière. Se mêlant au mouvement démocratique, il fut élu conseiller municipal de Paris, puis député de la Seine. Nommé chef de service à Bicêtre en 1879, il lutta inlassablement pour obtenir les réformes nécessaires à la mise en place d'une prise en charge pédagogique des enfants déficients mentaux.

En 1883 il fit voter les premiers fonds pour la création d'un service spécial les accueillant et mit au point le traitement médico-pédagogique à l'origine de l'éducation spécialisée. Fort des résultats qu'il obtint, il fit campagne dans toute la France pour que soient créées des maisons spécialisées publiques.

N'y parvenant pas, il acheta neuf parcelles contiguës à trois propriétaires Vitriots le 5 novembre 1892 et ouvra l'IMP au 22 de la rue Saint-Aubin (aujourd'hui avenue Maximilien-Robespierre) le 11 février 1893. L'établissement, situé “à la campagne loin de toute usine”, offrait “les avantages précieux des écoles de plein air, assez près de Paris”. Le terrain comportait un hôtel particulier de deux étages en forme de “U”. À ce bâtiment principal en moellons recouvert de lierre, qui apparaît dans les archives dès 1787, Bourneville ajouta des constructions répondant aux besoins de l'institut, dont le “pigeonnier” à tourelles qui abritait le bâtiment d'hydrothérapie, l'actuelle salle Bourneville qui accueillait les salles de classe et “la Maison des cygnes” en meulière pour le gymnase et le dortoir.

Sur le terrain de trois hectares, les plates-bandes et les arbustes taillés dessinaient des formes géométriques que les enfants avaient apprises en classe et qu'ils pouvaient réviser au grand air. En 1905 l'institut accueillait une cinquantaine d'enfants encadrés par vingt-quatre adultes. Le Dr Désiré-Magloire Bourneville mourut en 1909 à Paris et fut incinéré au cimetière du Père-Lachaise. L'IMP perdure de nos jours, rue Verte, sur le Plateau, la commune ayant acquis le terrain en 1975 et inauguré le parc du Coteau en 1991.

> Histoire du Parc du Coteau

Le magnifique cèdre du Liban que l'on peut y admirer constitue le dernier héritage que Bourneville légua à Vitry. En effet, l'arbre que Buffon aurait ramené d'un voyage d'étude fut menacé à la fin du XIXe siècle par le tracé d'une nouvelle rue que la municipalité souhaitait créer à partir du sentier du Rû-Grand traversant l'IMP. Bourneville alla le défendre devant la commission des chemins qui décida, à la séance du 19 août 1900, de modifier le plan d'alignement pour contourner l'arbre. C'est ce détour qui confère aujourd'hui son tracé sinueux à la rue Édouard-Til.

Marjorie Andrès
Itinéraire du Mensuel du mois d'octobre 2008

Notes :

Tous mes remerciements à Michelle Rousval au service des Archives municipales et à Marie-Odile Collet pour leur aide précieuse.

Bibliographie :

- "Histoire de l'arbre, du mur et du sentier qui voulait devenir rue". Michelle Rousval, HAD 1993.
- "Dictionnaire des députés (1789-1889)", Bourée-Boursault-Malherbe
- Site de l'assemblée nationale
- "L'état des communes, Vitry sur Seine". Le Conseil général de la Seine, 1905.
- "De l'institut médico-pédagogique au parc du Coteau". Bulletin de la société d'histoire de Vitry n° 52, 2000.
- "Regard sur un patrimoine vivant, le parc du Coteau". Service Archives, documentation, 1993.

Page publiée le 26 septembre 2008 - Mise à jour le 26 février 2016