L'urbanisation de Vitry-sur-Seine

Deux vagues d'urbanisation donnèrent à Vitry sa configuration actuelle :

  • la première est liée au déferlement pavillonnaire qui couvrit l'ensemble de la région parisienne pendant l'entre-deux guerres,
  • la seconde se rattache à la période de reconstruction de l'après-guerre et aux années 50-60, qui pour accueillir, une population de plus en plus nombreuse, érigea les "grands ensemble".

L'ancien centre, très vétuste, ne put, quant à lui, résister aux assauts de la rénovation entreprise en 1960, et disparut complètement dans les 10 années suivantes. Sa structure, bien que profondément altérée, témoigne encore par endroits de l'assise historique de l'ancien Bourg.

Le 18° siècle et la 1° moitié du XIX° :

Au 18° siècle, Vitry se résume à un bourg (le centre autour de 2 églises et d'un château en construction et rénovation) et deux petits hameaux : au sud, le petit Vitry, au Nord-Est, le hameau du Port-à-l'Anglais, lieu de franchissement de la Seine par un bac.

Le village de Vitry se situe entre la route reliant Paris à Choisy (future R.N. 305) et l'église Saint-Germain. Les maisons sont regroupées le long de 3 voies : la rue Audigeois que prolonge la rue de Saquet vers Villejuif (tracé toujours existant), la rue de la Petite Faucille, et la rue de la Petite Fontaine (disparues en 1970). Toutes trois convergent en une voie unique (rue d'Arnétal, actuelle Abbé-Derry) qui après avoir longé l'église Saint-Germain et le château, se subdivise à nouveau en deux routes : l'une mène vers le Port-à-l'Anglais, l'autre gagne la Seine, à travers champs (actuelles avenues Paul-Vaillant-Couturier et Jean-Jaurès).

Située à proximité de Paris et mitoyenne de Choisy-le-Roi (lieu de résidence de Louis XIV et Louis XV), la commune attire l'aristocratie et la bourgeoisie parisienne qui y fait construire quelques villégiatures, dont certaines sur la route de Choisy, sur le passage du roi : l'ancienne mairie ou le corps de bâtiment ancien de l'actuelle bibliothèque sont encore des traces de ces lieux de villégiature.

Ces résidences sont agrémentées de parcs dont les vestiges constituent certains des espaces verts de la ville (parc du Coteau ou Joliot-Curie).

Au début du XIX° siècle, Vitry est encore un bourg très agricole, très en dehors du démarrage de la révolution industrielle qui a commencé à transformer Paris. Malgré l'ouverture de la ligne de chemin de fer "Paris-Orléans" en 1839 et la construction de la gare (1862, puis 1905), le développement industriel ne gagnera Vitry qu'à la fin du 19° siècle. Le développement d'un habitat ouvrier dans ce secteur va se faire antérieurement à l'implantation industrielle.

2° moitié du XIX° siècle :le chemin de fer, la gare et les transports en commun.

Le quartier du centre, à l'exception d'une légère densification et du percement de l'avenue Carnot (future av. du Général Leclerc), ne se développe guère. Il présente toujours l'aspect d'un gros bourg résidentiel et rural, maisons de maîtres voisinent avec fermes, pépinières et terres maraîchères.

Une ligne de tramway reliant, à partir de 1878, Choisy à Paris va favoriser l'urbanisation et l'implantation d'usines, le long de la route de Choisy.

Le quartier du Port-à-l'Anglais et de la Gare :

L'urbanisation de ce secteur s'opère sous la forme de lotissements pavillonnaires et d'immeubles de rapport (exple la "Cité des Fleurs" sur l'avenue du Chemin de Fer, actuelle Paul-Vaillant Couturier) abritant une population ouvrière qui travaille à Paris.

Une nouvelle typologie de l'habitat, très différente de celle du centre, apparaît : habitat individuel et pavillon, habitat collectif et immeuble.

La constitution de ce quartier de la gare instaure la présence de 2 foyers d'urbanisation qui, éloignés l'un de l'autre, eurent tendance à devenir autonomes et à dédoubler tous les équipements : marché, groupes scolaires, poste, commerces, bureaux de vote, fêtes, mais un seul lieu de culte, l'église Saint-Germain !

En 1901, le quartier de la Gare a aussi sa propre ligne de tramway qui, via Ivry, rejoint la place de la Concorde. Cette ligne sera poursuivie en 1904 vers l'église Saint-Germain : les 2 centres sont maintenant reliés.

En 1905, il y a 1 600 électeurs dans le centre, 1 100 dans le quartier de la Gare.

De la Belle époque à la seconde guerre mondiale.

Toute cette période est marquée, pour l'ensemble de la proche banlieue parisienne, par le "déferlement" pavillonnaire, qu'il s'agisse de lotissements organisés et spéculatifs ou d'implantations sauvages induites par la Loi Loucheur.

En 1904, le parc du château de Vitry est mis en lotissement, après la destruction du château. Il est moins voué à l'implantation d'un habitat ouvrier, qu'à celui de résidences pour une petite bourgeoisie attirée par le caractère encore rural de la commune et par ses liaisons aisées avec Paris.

Le 2° secteur pavillonnaire issu du lotissement de la ferme du château sera plus modeste.

Le long de la R.N. 305, au sud et au nord du centre, l'urbanisation se développe, tandis que le quartier de la gare prolifère. Les lotissements s'étendent, la rue du Chemin de Fer se bordent d'immeubles. La volonté de réunir ces 2 quartiers se manifeste par une recherche de la continuité urbaine, dans l'alignement de ces constructions et des plantations tirées au cordeau.

En 1920, l'actuelle avenue P.V. Couturier est pratiquement constituée telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Le paysage change aussi autour de fort militaire d'Ivry, et sur les coteaux parallèles à la R.N. 305 à l'ouest. Une prolifération incontrôlée et diffuse de pavillons, bâtis plus ou moins solidement, met en pièces la structure foncière agricole.

A partir de 1923, quelques opérations d'habitat collectif très ponctuelles (H.B.M. des cités des Combattants, Albert-Thomas, Désiré-Granet) sortent de terre et tentent de mettre un peu d'ordre et d'hygiène dans cette vague d'urbanisation sauvage.En 1936, le premier élargissement de la nationale 305 (les liaisons vers Paris doivent être améliorées) porte la première atteinte au centre ancien en détruisant de nombreuses maisons côté est.

L'après-guerre, le temps des grands ensembles

Après guerre, la crise du logement qui sévissait depuis de nombreuses années, s'aggrave. De nombreuse constructions ont été détruites pendant la guerre, le patrimoine bâti ancien, souvent mal entretenu n'offre qu'un confort relatif. Cette situation résultait d'une absence de politique de construction cohérente, qui longtemps ne s'appuya que sur la solution individuelle basée sur la petite épargne : dans ces conditions, il était impossible de répondre aux besoins du développement démographique rapide et important de l'agglomération parisienne, accueillant,chaque jour davantage, une population déracinée par la guerre et attirée par l'offre grandissante des emplois dans l'industrie.

Vitry connaît sa version locale de cette crise du logement. L'urbanisation et les constructions réalisées avant-guerre ne peuvent répondre aux besoins de logements d'une population en expansion.
C'est pourquoi, la municipalité décide d'aider la construction, sur la commune, d'un grand nombre de logements pour une population aux revenus limités et de rénover (ce qui se traduira, en grande partie, par sa destruction) le vieux centre de Vitry.

En 1954, un programme de 6 500 logements est fixé. En 1956, sous l'impulsion du Commissariat à la Construction, ce programme atteint les 8 500 logements.

Cette vaste opération qui s'étend le long de la R.N. 305 sur près de 100 hectares, s'appellera "LE GRAND ENSEMBLE". La Z.U.P. de 1960 comprend cet ensemble immobilier et englobe le lotissement de la Zone Industrielle.

Dans le même temps, on envisage d'urbaniser le Plateau de Vitry, resté encore essentiellement agricole.La rénovation du centre ville, dont plusieurs études avaient souligné le caractère vétuste (absence d'hygiène et d'entretien) débute vers 1960 par les premières démolitions. En 1972, il ne reste presque plus rien de ce qui avait été le premier foyer d'urbanisation de la ville : des rues ont été supprimées, des perspectives larges et alignées ont été créées et 1 700 logements construits.

Entre 1954 et 1975, le nombre d'habitants dans Vitry passe de 52000 à 88000.

Le Grand Ensemble et la Rénovation s'accompagnent, dans le même temps d'opérations ponctuelles d'habitat collectif, en majorité H.L.M., mais elles restent les deux opérations d'urbanisme d'après-guerre, qui caractérisent aujourd'hui, fortement le paysage urbain de la ville de Vitry/Seine.

Page publiée le 29 juin 2007 - Mise à jour le 15 mai 2014