"Enfants extraordinaires" et confinement

Comment cela se passe pour votre fille en période de confinement ?

Habituellement, Léna se rend chaque jour à l’IME de Vitry avec beaucoup d’enthousiasme. Un transporteur vient la chercher à 8h et la ramène à 17h. Elle fait aussi des activités le week-end avec des associations, fréquente le centre de loisirs de l’école pendant les vacances. Plus rien de tout cela n’est possible. Cela signifie que je dois tout assumer seule, les courses, les repas, les devoirs et toute la prise en charge de Léna. L’aider à marcher, à se laver, à manger, lui proposer des activités. C’est très fatigant. Elle n’est pas autonome, ne parle pas. Le papa est bloqué en Pologne pour son travail. Je suis devenue une soignante, une aidante, une psychomotricienne, une kiné, une psy, une infirmière pour Léna, une enseignante aussi pour mes deux autres filles (comme tous les parents…). Le plus difficile, c’est que Léna a perdu tous ses repères. <font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font face="Times New Roman, serif">À</font></font></font> la maison, elle ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi sa vie n’est plus la même, pourquoi elle ne voit plus ses copains. Les premiers jours, elle était très frustrée. Et dans ce cas, cela se traduit par des cris, des coups de pied…

Quelles sont les aides dont vous disposez ?

L’IME nous a envoyé des idées d’activités, ce n’est pas toujours réalisable. On ne peut pas, comme pour les "enfants ordinaires", faire l’école à la maison !
Je peux appeler l’IME pour parler, me décharger un peu. J’ai aussi contacté la plateforme "Grandir ensemble" pour avoir de l’aide, j’espère avoir une réponse rapidement… Et puis, j’essaye de trouver et de donner de l’écoute sur mon groupe Facebook : Les enfants extraordinaires de Vitry sur Seine.

Quels sont vos conseils pour les familles qui vivent la même situation que vous ?

Rester bienveillant avec les enfants. Mettre en place tout ce qu’on peut : des rituels comme les chansons du matin, montrer des photos, proposer des jeux comme la pâte à modeler, raconter des histoires, faire une balade par jour dans le quartier, expliquer avec des mots simples la situation que nous vivons. Penser aussi à aménager des espaces de travail et de jeux pour les autres enfants de la fratrie, ne pas faire d’eux "des petits aidants". Et puis, vivre au jour le jour, ne pas regarder trop les infos, juste l’important. Enfin, le soir, quand les enfants dorment, je pratique la sophrologie et la méditation. Cela aide beaucoup à se détendre, à garder des ressources pour rester forte.

Propos recueillis par Katrin Acou-Bouaziz