Interview d'Abdelkader Benarab

Publiée le 14 octobre 2021 - Mise à jour le 15 octobre 2021

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Dimanche 17 octobre, lors de sa conférence sur les événements tragiques de 1961, Abdelkader Benarab rappellera l’histoire, le déroulement des événements dans leur contexte de guerre de libération. Une intervention mémorielle qui vise, aussi et surtout, à renforcer les liens d’amitié entre les peuples de France et d’Algérie.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce tragique 17 octobre 1961 ?

En examinant de près les événements, on voit, d’un côté, une répression politique et policière intolérable et criminelle, et, de l’autre, une population française qui a soutenu, aidé, caché les Algériens pour les sauver du massacre. Ainsi, à côté de la lecture politique, il y a le récit des peuples, ceux qui constituent la nation et à qui les gouvernements imposent de manière injuste et forcée leur vision de l’histoire. Personne ne donne la parole à ceux qui ont tendu la main et dont la mémoire de l’événement dit autre chose de la relation entre la France et l’Algérie.

Quelle est l’importance de ce temps de commémoration ?

Le fait de se souvenir peut raviver de la haine. Mais il faut pourtant y faire face avec pédagogie pour dépassionner le débat, éviter la radicalité. Le processus de commémoration est un travail répétitif, de rabâchage, qui consiste à lutter contre l’oubli pour éviter la répétition des drames. Pour arriver à la mémoire utile, il faut la travailler sans relâche. Le travail de mémoire s’approprie l’histoire pour permettre au citoyen de vivre en société, averti mais apaisé. C’est un devoir moral qui concerne en premier lieu l’autorité, l’État, mais qui n’exclut pas l’individu.

Et auprès des plus jeunes ?

L’histoire fait partie de notre identité individuelle et collective. La construction du présent et du futur passe par la connaissance du passé. Savoir d’où l’on vient tout simplement. Les jeunes Maghrébins ont besoin de connaître la vie de leurs parents, de leurs grands-parents, d’entendre ce qu’ils ont vécu, comment et pourquoi. Non pas pour alimenter la haine, l’aigreur, mais pour accéder à une lecture saine et objective de l’histoire, entendre les témoignages des deux côtés, comprendre que le peuple français n’était pas le décisionnaire politique, s’inscrire dans un processus de réconciliation durable, mieux se construire, sortir des conflits raciaux et culturels. La lecture de l’histoire ne doit pas être laissée aux seuls historiens. Les peuples doivent aussi s’en emparer.

Marie-Stéphane Guy

Dimanche 17 octobre à 16h
collège Josette-et-Maurice-Audin
31, rue Berthie-Albrecht

 

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