Restauration scolaire : Éveiller les papilles en s'amusant

Publié le 16 septembre 2025 Modifié le 16 septembre 2025
Un midi à l’école élémentaire Joliot-Curie. Au menu, une salade de pommes de terre bio, du porc ou de la dinde en sauce forestière, le tout accompagné de carottes jaunes et oranges cuites à la vapeur, d’un yaourt et d’une pomme. Derrière le comptoir du self, Carole Ahraoui, cheffe d’équipe au sourire facile, travaille à ce poste depuis 1992. “S’ils aiment bien, je leur dis que c’est moi qui l’ai fait”, rigole-t-elle.
Une fois servis, les enfants peuvent se retrouver avec des amis d’autres classes. “C’est un moment de détente et d’échange. Ça reste leur moment à eux”, remarque Serge Vaast, responsable du temps du repas. Les animateurs veillent à ce que les enfants restent assis assez longtemps pour évaluer leur faim et qu’ils profitent de leur assiette. “C’est important pour les enfants de prendre le temps pour manger. Sinon, certains partiraient à 12h15 à la cour de récré”, observe Priscille Jeanne-Rose, autre responsable.
Quelques élèves lèvent la main pour aller se resservir. C’est le cas d’Andréa, en CM1.
“C’est très bon et ça nourrit très bien parce qu’il y a beaucoup de protéines, s’exclame-t-elle. J’aime ce qu’on nous sert à Noël, car il y beaucoup de chocolat et des trucs qui régalent. Parfois ils nous servent une salade de carottes avec une sauce mayo. Ça je n’aime pas trop.”
Quant à Jules, élève en CE2, il n’est pas convaincu par la viande qu’il juge “un peu caoutchouteuse”. Mais il dit quand même aimer la cantine : “Il y a parfois des tomates et j’aime les tomates. On peut se servir quand on veut. Il y a toujours des trucs délicieux”. Gabriela, en CM1, n’avait jamais goûté de brocoli avant la cantine, mais maintenant elle aime ça. “On incite, mais on n’insiste pas”, précise Priscille.
Jouer et sensibiliser
Chez les plus petits, même un menu appétissant n’est pas toujours suffisant. La recherche démontre qu’il faut parfois présenter un aliment plus de dix fois avant qu’un enfant décide s’il l’aime ou pas. C’est alors aux Atsem et aux animateurs d’essayer de faire vivre ce qui se trouve dans l’assiette.
À Éva-Salmon, au Port-à-l’Anglais, il est 11h45 et les élèves montent l’escalier du réfectoire. “On tient les rambardes !” Les tables sont prêtes à les recevoir, leur serviette accrochée au dos de leur chaise. Le repas commence ce jour-là avec des concombres à la vinaigrette. Les moyens ont un bol par table et se servent eux-mêmes.
Chez les maternelles, le repas partagé est une continuité de l’apprentissage en classe. “Le mot-clé, c’est l’autonomie, explique Thierry Boursier, animateur. En début d’année, il faut tout faire pour eux, et en fin d’année, les petits savent utiliser un couteau et débarrasser leur verre.”
Thierry connaît bien les tables et passe plus de temps avec les enfants au palais difficile. Il s’assied avec eux et engage la conversation. “Il faut créer le déclic pour goûter. Il faut trouver une façon ludique de le faire”, souligne-t-il avant d’essayer : “Les concombres viennent de mon jardin”.
Fatima, une robe turquoise fleurie en dessous de sa blouse d’Atsem, a aussi sa technique. Elle coupe le concombre pour en faire un Pac-Man : “Regarde, il a un sourire ! Il va être triste si tu ne le manges pas !” Elle aussi goûte tout devant les enfants “même si c’est quelque chose que je n’aime pas”. Elle sait que pour certains, c’est le seul repas équilibré de la journée : “Chaque enfant a une histoire, parfois, certains ne mangent pas assez chez eux”. Ils bénéficient à la cantine d’un service vital pour leur développement.