Ne pas oublier les prisonniers palestiniens

Publié le 24 septembre 2025 Modifié le 26 septembre 2025
La salle du conseil est comble. Des keffiehs, des écharpes verte, rouge et noire parsèment l’assistance. De part et d’autre de la tribune, le drapeau français jouxte celui de la Palestine. Au centre sont notamment assis Sharaf Barghouti, fils de l’homme politique palestinien Marwan Barghouti en prison depuis 23 ans et citoyen d’honneur de la ville, et Salah Hamouri, avocat franco-palestinien qui a également été incarcéré pendant de nombreuses années et citoyen d’honneur de Vitry.
Alors que la France a reconnu officiellement l’État de Palestine le 22 septembre dernier, cette conférence organisée par la ville rappelle combien il est important de ne pas oublier les prisonniers politiques et la nécessité de leur libération.
« Une large part de la population palestinienne masculine, on parle de 80 à 90 %, passe par les geôles israéliennes, a souligné le maire, Pierre Bell-Lloch, en introduction de la conférence. Dans le processus pour la paix au Moyen-Orient, la reconnaissance de l’État palestinien est une étape. La fin du génocide, la libération de Gaza et des territoires occupés en Cisjordanie doivent survenir rapidement pour que les peuples de Palestine et d’Israël puissent coexister, pour permettre au peuple palestinien de reconstruire une architecture politique et administrative qui lui permette de décider de son destin. Palestine vivra, Palestine vaincra ! »
Présente par visioconférence, la femme de Marwan Barghouti, Fadwa Barghouti, a également rappelé que : « il y a 11 300 prisonniers palestiniens connus sans qu’on puisse savoir combien de Gazaouis ont été incarcérés depuis le début de la guerre ». Leurs conditions de détention sont similaires aux traitements que subissent les Gazaouis, à l’image de Marwan Barghouti, victime de trois agressions depuis 2024, dont une humiliation par le ministre israélien Itamar Ben-Gvir devant des caméras de télévision.
« Mon père n’a jamais rencontré aucun de ses petits-enfants, complète Sharaf Barghouti. Il n’a aussi plus vu la lumière du jour depuis plus d’un an. »
Si la reconnaissance française de l’État palestinien est « une indéniable avancée politique », Salah Hamouri estime qu’elle doit se traduire par un embargo économique et militaire, ainsi que par le jugement des Franco-israéliens ayant pris part à la guerre de Gaza.
Un soutien indispensable
Alors que la paix n’a jamais semblé aussi loin, les intervenants cherchent encore une part d’espoir. « La diaspora a pu porter la voix du peuple palestinien et sa cause en tant que priorité mondiale », affirme Salah Hamouri.
« De nombreux soutiens culturels, politiques, syndicaux nous rejoignent, ajoute Fadwa Barghouti. La campagne de libération des prisonniers est en train de prendre de l’ampleur partout dans le monde. »
Dans le public, des applaudissements nourris ponctuent les interventions. Des « Vive la lutte du peuple palestinien ! » sont acclamés en chœur. Des larmes coulent aussi lorsque Noura, une Gazaouie accueillie par la ville avec ses deux enfants, explique avoir perdu 30 membres de sa famille lors d’une frappe israélienne.
Le soutien des villes et des citoyens français est en effet essentiel. Dans le public, certains rappellent que ce combat fait partie des luttes anticoloniales depuis l’Algérie, le Vietnam et l’Afrique du Sud. « Nous savons très bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens », disait d’ailleurs Nelson Mandela, cité par un monsieur lors des échanges avec le public.
À l’issue de la conférence, Sharaf Barghouti et Salah Hamouri ont reçu les médailles de la ville. Un geste certes symbolique, mais qui contribue à un combat de longue haleine. C’est le grand poète Mahmoud Darwich qui le dit lui-même : « Les Palestiniens sont malades d’espoir ».
Weilian Zhu