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Humidité, problèmes de canalisation, de ventilation, ou d’électricité… Pour lutter contre l’insalubrité, la ville met en place un panel de mesures pour accompagner les habitants concernés, dans le parc social comme dans le parc privé. En plus d’assurer la médiation entre locataires, propriétaires et bailleurs, des actions préventives sont lancées pour mieux encadrer les locations, soutenir les copropriétés en situation de fragilité et veiller à la qualité des futures constructions.
Le logement d’Adrien Uddin, sa compagne et leurs trois enfants, composé de deux chambres en rez-de-jardin sans fenêtre et présentant des problèmes d’humidité et un chauffage dysfonctionnel, a été déclaré insalubre en septembre dernier par arrêté préfectoral, suite à l’alerte du secteur Hygiène de la ville. L’insalubrité, qui affecte la santé, se manifeste par des infiltrations, des canalisations défectueuses et un manque d’aération. Adrien précise que ses enfants souffrent d’asthme et de difficultés respiratoires, ce qui impacte aussi sa santé mentale.
“Les conditions de logement de certaines familles sont encore désastreuses”, affirme Luc Ladire, adjoint au maire en charge de l’Accès au logement.
De la médiation à la coercition
L’an dernier, 142 signalements de problèmes d’habitat ont été effectués auprès de la ville. Des inspecteurs de salubrité interviennent pour établir un diagnostic des situations, comme des moisissures ou une mauvaise évacuation des eaux, en utilisant des outils comme l’humitest pour mesurer l’humidité. Muriel David, inspectrice de salubrité, explique qu’après l’inspection, ils contactent le bailleur ou le propriétaire pour assurer une médiation et obtenir les travaux nécessaires, ce qui peut suffire à résoudre les problèmes.
Mais, parfois, le lien avec les propriétaires s’avère compliqué : certains ne donnent pas suite aux demandes de travaux et laissent la situation s’aggraver. La ville peut alors actionner un autre levier en remettant un rapport à l’Agence régionale de santé pour demander la prise d’un arrêté d’insalubrité qui impose au propriétaire la réalisation des travaux nécessaires.
Enfin, dans le cas où des travaux ne suffisent pas, en cas de suroccupation du logement par exemple, des propositions de relogement doivent être formulées par la préfecture. “Quelle que soit la situation, nous veillons à ce que la procédure suive son cours, mais ça va rarement assez vite pour les concernés”, reconnaît Mohamed Abou-Abdellah, inspecteur de salubrité.

De nouveaux outils disponibles
Pour prévenir ces situations, de nouveaux dispositifs sont en cours de déploiement. À commencer par le permis de louer, qui doit encore faire l’objet d’un vote au conseil municipal, et qui devrait, dans certains secteurs de la ville, contraindre les propriétaires à déclarer la mise en location de leur bien auprès de la ville. Une visite sur place sera systématiquement réalisée par les services municipaux pour s’assurer que le logement en question n’est ni dégradé ni insalubre. “C’est une manière d’avoir plus de visibilité sur le parc privé”, explique Claire Moreau, chargée de mission habitat privé et spécifique.
“le permis de louer est un dispositif attendu qui nous permettra de garantir aux locataires vitriots des conditions dignes pour eux et leurs familles”, assure Luc Ladire
À travers la ville, 17 copropriétés, soit 994 logements, bénéficient, par ailleurs, du Popac, programme opérationnel de prévention et d’accompagnement des propriétés. Ce dispositif permet d’accompagner les copropriétés dans la gestion de leurs finances et dans leur mode de gouvernance. “En assainissant les finances, on s’assure que la copropriété aura les moyens de réaliser les travaux nécessaires à temps”, détaille Claire Moreau.
Au sujet des futurs logements qui doivent voir le jour, un travail est actuellement en cours avec les architectes de la ville, les promoteurs et les aménageurs pour formaliser une charte construction. Son objectif ? Faire en sorte que les logements à venir soient qualitatifs, pérennes et durables. Parmi les points d’attention identifiés figurent, par exemple, l’orientation et la ventilation des logements pour lutter contre l’humidité et le manque d’aération. “La charte propose d’instituer le fait que les logements soient toujours multi-orientés pour maximiser la lumière et la ventilation naturelles”, indique Sébastien Ratel, responsable du logement social au service Habitat
la ville continue d’accompagner les personnes victimes du mal logement et mène un travail partenarial avec les bailleurs. Il s’agit d’impulser une dynamique pour entretenir le parc existant tout en préparant l’avenir à travers l’ambitieux projet de renouvellement urbain qui s’annonce.
Des réponses face aux espèces nuisibles
Locataires ou propriétaires font parfois face à la problématique des espèces invasives ou nuisibles, dont la présence n’est pas forcément liée à la salubrité du logement. Une présence qui peut entraîner diverses complications et à laquelle la ville, en lien avec propriétaires, locataires et bailleurs, tente d’apporter des réponses adaptées.
La présence d’animaux nuisibles ou invasifs est une préoccupation pour les habitants et entraîne des actions conjointes de la ville, des bailleurs, des locataires et des propriétaires. “Les animaux ont besoin de ressources alimentaires, donc si le logement est maintenu propre et hermétique, cela atténue le risque de prolifération, rassure Mohamed Abou-Abdellah, inspecteur de salubrité. Il n’y a aucune honte à signaler ces situations qui peuvent causer un fort mal-être.”
- La ville mène des campagnes de dératisation deux fois par an, avec un contrôle préalable sans produit actif. “Ce sont les actions collectives qui rendent l’opération efficace,” souligne Muriel David, responsable du secteur Hygiène.
- D’autres nuisibles, comme les cafards et les punaises de lit, nécessitent également des interventions régulières. Christophe Achouri rappelle que “le bailleur prend en charge le traitement des punaises de lit à 100 %.
- La ville prévoit de sensibiliser les habitants et d’améliorer ses actions de prévention, y compris avec des dispositifs innovants comme la détection canine.
Les nuisibles touchent aussi l’espace public, comme les moustiques tigres ou le frelon asiatique, pour lesquels la ville agit systématiquement. “C’est une approche volontariste pour préserver la biodiversité tout en prévenant les risques sanitaires,” conclut Muriel David.
