Faire entendre les voix pour la paix

Publié le 16 octobre 2025 Modifié le 16 octobre 2025
“Le sujet devrait être au cœur des préoccupations politiques : le monde se réarme, et la paix ne fait plus partie du vocabulaire politique”, a d’emblée lancé Nathalie Séguin, membre de la CGT. Le ton est donné, pour cette deuxième édition de la Conférence internationale pour la paix, organisée par la Ville les 10 et 11 octobre derniers autour autour des liens entre écologie, paix et enjeux mondiaux.
Syndicalisme et culture de paix
Dans la salle du conseil de l’hôtel de ville, le cœur était à l’union. “La paix durable, menacée par les conflits armés, les menaces sécuritaires ou la destruction de la biodiversité, est la condition préalable à tous les droits humains”, a poursuivi la syndicaliste. Son camarade présent, Sylvain Goldstein, est lui intervenu lors de la Conférence internationale contre les bombes A et H à Hiroshima et Nagasaki, en août, pour appeler la France et le Japon à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Vitry, signataire, y avait aussi envoyé une délégation.
La CGT avait également convié deux figures indépendantistes Kanaks : Christian Tein, président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), et Rock Haocas, membre de l’Union syndicale des travailleurs Kanaks et des exploités (USTKE).
Des conséquences humanitaires et environnementales
Le deuxième échange était consacré aux conséquences humanitaires et environnementales des armes de destruction massive. La juriste et maîtresse de conférence en droit privé Emilie Gaillard a insisté sur leurs effets transgénérationnels et trans-espèces – citant l’exemple de Fukushima de 2011 et du volume important de rejets radioactifs dans l’océan. Elle a plaidé pour “un droit des générations futures” et le respect du principe de précaution.
Puis Jean-Marie Collin, directeur de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaire (ICAN) France, lauréate du Nobel de la paix en 2017, a dénoncé “l’ensauvagerie nucléaire” des Etats disposant de l’arme ultime. Amar Bellal, rédacteur en chef de la revue Progressistes, a quant à lui rappelé l’ampleur irréversible des destructions qu’elle peut causer.
Dans un plein silence, a ensuite résonné la voix de Tran To Nga, militante franco-vietnamienne victime de l’agent orange, herbicide employé par l’armée étatsunienne lors de la guerre du Vietnam entre 1961 et 71. “Dans mon corps, je porte plein de maladies que j’ai transmises à mes enfants, témoigne-t-elle. C’est le crime de la guerre chimique : les conséquences se transmettent de génération en génération.” Son combat a fait écho à celui évoqué juste après, aux Antilles contre le chlordécone, pesticide ayant contaminé durablement les terres et les populations.
Promouvoir la culture de paix
La deuxième journée a débuté par une formation sur la culture de paix puis un débat sur les conflits mondiaux. Quant à l’après-midi, elle était consacrée aux actions de solidarité portées par les villes.
“Quand un peuple souffre de faim et de la guerre, ici aussi on pleure !” « , a commencé le maire, Pierre Bell-Lloch. Il a exhorté les communes à coopérer de façon décentralisée avec le reste du monde, comme Vitry avec le Mali, les Cubains ou les Tamouls. “Face aux crises diplomatiques, les villes ont un rôle fondamental : elles savent bâtir des ponts”, a approuvé Mohamed Ali Zerouali, représentant du Front Polisario, en lutte pour l’indépendance du Sahara occidental – saluant le jumelage entre Vitry et les campements de réfugiés sahraouis, comme avec des projets écologiques, devenus “laboratoires de résilience”.
Puis Mia Rety, jeune militante du Mouvement pour la paix, a présenté ses dessins réalisés cet été à Hiroshima et Nagasaki, avec l’objectif de rendre la mémoire des Hibakushas (les victimes des bombardements atomiques) vivante, tangible. “A notre échelle, on peut agir, mais les maires peuvent permettre d’aller plus loin.” Constat partagé par Raphaël Porteilla, professeur en science politique : “aujourd’hui, c’est le désir d’exclure qui arrive trop rapidement dans les discours. Au contraire, il faut inclure au maximum, du maire jusqu’au citoyen”, via la transmission de valeurs, de connaissances et de comportements, a-t-il défendu.
Des luttes locales et internationales
Pour la dernière table-ronde, sur la construction de territoires de paix, Fadwa Khader et Reem Hazan, militantes palestiniennes, ont rappelé que le combat à Gaza se poursuit. “Les peuples sont prêts pour faire la paix, c’est à nous de faire tomber les gouvernements qui soutiennent le génocide”, a lancé Reem Hazan. Et Fadwa Khader d’ajouter que “la reconnaissance de la Palestine a été permise grâce aux peuples, associations et communes !”
En marge des débats, des expositions présentaient le combat de Tran To Nga contre l’agent orange, et celui d’ICAN France contre l’arme nucléaire. Une autre, enfin, sur les poètes mobilisés durant la Première Guerre mondiale. Cette Conférence internationale pour la paix, ponctuée de moments et repas conviviaux avec des associations vitriotes comme Ensemble pour l’avenir, Union caraïbéenne de Vitry ou Os Minotos, a mis en lumière l’importance d’agir collectivement pour une paix durable.
Clément Aulnette