Depuis 13 éditions, Mur/Murs met en valeur la création dans l’espace public. Ce mercredi 15 octobre était l’occasion de remonter le fil de l’histoire de l’art dans la rue depuis 1951 et la création du 1 % artistique, ce dispositif de commande publique destiné à décorer les bâtiments institutionnels « afin que chacun puisse faire l’expérience de l’art dans son quotidien en dehors des musées, objective Henri Guette, l’historien de l’art qui accompagne la balade. Vitry a été une ville pionnière de cette politique culturelle, qui l’a élargie aux bailleurs. »
La quinzaine de Vitriots présents s’arrête tout d’abord devant la salle Makarenko pour admirer la fresque de Claude Bellegarde qui orne l’escalier et la salle de restauration de l’école. Deuxième arrêt devant le fronton de celle-ci et la mosaïque d’André Fougeron.
« Les écoles ont été des lieux privilégiés pour l’art, avant même le 1 %, dès le Front populaire, explique Henri Guette. On y retrouve beaucoup d’allégorie du savoir et de l’émancipation. Même si tous les artistes n’adhéraient pas au Parti communiste, ils partageaient avec Vitry des valeurs communes. »
Art d’hier et d’aujourd’hui
À la patinoire, les deux mosaïques de Sonia Delaunay de part et d’autre de l’escalier permettent d’évoquer la naissance de la société des loisirs. La fresque peinte de Mariano Hernandez sur la façade de l’ancienne piscine interroge quant à elle sur la pérennité des œuvres réalisées sur des bâtiments qui ne sont malheureusement pas éternels. À quelques pas, une fresque, récemment peinte dans le complexe sportif Arrighi par son fils à partir d’un dessin de son père, permettra à l’artiste de perdurer dans la ville même lorsque la piscine ne sera plus.
La balade se termine devant une nouvelle œuvre peinte dans le cadre du festival en présence de Brok, l’un des deux artistes avec Akhine. Leur portrait géant rend hommage à Lionel D, Vitriot pionnier de la culture hip-hop en France. La fin de la balade est l’occasion de débattre des différences entre le street art et la culture graffiti : « Dans la culture graffiti, l’acte de peindre en lui-même était revendicatif. Puis on a structuré un univers artistique autour. Pour moi, il doit y avoir un rapport entre les lieux, l’œuvre et les gens qui habitent autour », revendique Brok.
« On ne va pas au musée, on est dans le musée », conclue une Vitriote avec un sourire.
Kevin Gouttegata