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Jeunesse de Vitry : à toi la parole !
Publié le 17 juillet 2025 Modifié le 05 août 2025
Avec près de 40 % de sa population âgée de moins de 30 ans, Vitry est une ville jeune, forte de cette vitalité et de cette énergie qui se ressent dans tous ses quartiers. Une jeunesse diverse, en recherche d’accompagnement et d’orientation, ancrée dans sa ville et consciente du monde qui l’entoure, parfois en colère et perdue, souvent engagée et passionnée, qui a accepté de se livrer et de dérouler le fil de ses parcours, ses projets et ses ambitions.
Âgés de 15 à 16 ans, Lorenzo, James et leurs amis habitent aux quatre coins de la ville, mais aiment se retrouver autour de leurs passions communes. Par petits groupes, ils traînent souvent ensemble et jouent au foot dès qu’ils le peuvent. Sur le city stade à Balzac, les grands terrains à Arrighi ou Couderc, ils sont des dizaines à profiter des espaces sportifs libres pour se défouler.
“Il y a beaucoup de choses mises en places pour les jeunes à Vitry, des équipements disponibles. On se sent attaché à la ville, à son unité, sa solidarité”, souligne Lorenzo.
Habitant du Moulin- Vert, James opine du chef : “À Vitry, on ne s’ennuie pas”. Ce passionné de foot, qui caresse l’espoir d’évoluer en professionnel, est également très lucide sur les maux et les difficultés que rencontre sa génération. “Beaucoup de jeunes se sentent seuls, isolés, ont du mal à se faire des amis ou à trouver l’amour, estime-t-il. Dehors ou sur les réseaux, les gens restent avec leur cercle d’amis, et certains se trouvent exclus. La solitude et l’ennui ont des conséquences sur la santé mentale, c’est important de s’en préoccuper.”
Études et espoirs d’avenir
Activités sportives et culturelles permettent souvent d’établir un lien, et ouvrent parfois les jeunes sur leur avenir professionnel. C’est le cas de Lina, 19 ans, issue du quartier Robespierre. Étudiante en théâtre, elle a développé sa fibre artistique tout au long de son parcours de jeune Vitriote.
“Vitry est une ville riche culturellement, il y a beaucoup de choses à disposition. C’est une force de grandir ici, d’aller à la patinoire, de profiter des activités extra-scolaires, de fréquenter les centres de quartier. Si j’ai ce côté artistique, c’est aussi grâce à la ville qui m’entoure et à ce que j’ai pu y découvrir”, développe celle qui souhaite devenir metteuse en scène et écrire ses propres pièces.
Elle aussi étudiante en licence d’histoire, Cillian évolue et s’épanouit depuis sa naissance au quartier du 8-Mai-1945. Un secteur avec ses problématiques – “on est moins bien desservi en transport que d’autres endroits” – où elle se sent tout de même chez elle.
“C’est comme un village où tout le monde se connaît. On a le marché, les petits commerces, la patinoire et la piscine. C’est vraiment un quartier à part avec son identité.”
C’est là qu’elle a fait ses premiers pas sur la glace et qu’elle a appris à nager. C’est ensuite à la bibliothèque Nelson-Mandela qu’elle a développé son goût pour la lecture et qu’elle puise le savoir et les connaissances utiles à ses études.
“Grandir à Vitry, c’est une chance : tout est pensé pour nous aider au max. Il faudrait juste compléter avec des événements plus adaptés pour les ados et jeunes adultes, en plus des Fêtes du lilas qui sont top. C’est important de fédérer la jeunesse”, nuance la jeune femme, qui aime parfois se rendre au tribunal et assister à des procès.
Une occupation originale et intéressante qui lui permet “d’en apprendre plus sur la justice, l’institution et les métiers du droit”. À l’âge des interrogations et des espoirs, l’heure n’est pas toujours simple pour certains. Difficultés à s’orienter, à se projeter, contexte économique, social et environnemental inquiétant, de nombreux facteurs d’anxiété guettent.
Malgré un parcours difficile, Moataz, habitant de la Vannoise, continue de rebondir pour trouver sa voie. Le jeune homme veut devenir pâtissier : une passion transmise par sa mère et alimentée par de nombreuses vidéos Youtube et TikTok. Après avoir raté un bac STMG, ses premières expériences en pâtisserie n’ont pas été concluantes, mais Moataz s’est relancé grâce à un service civique et des missions auprès d’enfants.
“Je suis nouveau dans le monde du travail et je m’attendais à plus de pédagogie et de bienveillance”, témoigne celui qui avoue avoir “du mal à travailler pour quelqu’un”. Pour le moment, Moataz aime concocter ses créations pour sa famille et ses amis, et se dit prêt à “sortir de sa zone de confort pour apprendre”.
Une jeunesse investie pour le collectif
Encore lycéen à Jean-Macé, Boubacar a un emplois du temps bien chargé. Entre les révisions du bac, l’obtention du Bafa, ses activités en service civique à l’ESV basket où il est joueur, coach et arbitre, ainsi que les coups de main qu‘il donne dans un salon de coiffure, Boubacar ne manque pas d’activités. “Quand je me suis inscrit à l’ESV, on m’a rapidement proposé d’arbitrer pour monter en compétence. En devenant aussi coach, ça aide pour la vie de tous les jours et la prise de décisions. Cela donne des responsabilités. J’aime aussi transmettre à mon tour, et c’est pour ça que je suis aussi animateur.” Une bonne manière d’accompagner ceux qui sont aussi les adolescents et les jeunes adultes de demain.
Des aides municipales sur mesure
Depuis son ouverture en 1989, la Maison de la jeunesse a fait évoluer ses dispositifs d’accompagnement pour aider les 15-25 ans à réaliser leurs projets. Insertion socio-professionnelle, aide financière, séjours… Les agents de la MDJ tentent de proposer à chaque situation une réponse personnalisée.
« Ici, c’est un lieu pour les jeunes : on les accompagne dans leur quête d’autonomie, on les oriente vers les bons interlocuteurs, on leur donne la place qui leur revient”, affirme Leïla Touati- Assafi, cheffe du service Ressources jeunesse.
- Conseils à la rédaction de CV,
- recherche d’emploi,
- problèmes d’orientation,
- besoin d’aides financières ou alimentaires…
Le champ d’intervention de la Maison de la jeunesse (MDJ), installée place Saint-Just au Centre-ville, est vaste.
Les quinze agents mobilisés au sein de la structure apportent des réponses personnalisées, selon les demandes, en lien avec d’autres acteurs du territoire : France travail, la mission locale, les services municipaux, les établissements scolaires, le rectorat, les centres de santé sexuelle… Des partenaires comme le comité local pour le logement autonome des jeunes (CLLAJ) et des conseillers juridiques animent également des permanences sur place tous les mois.
Soutien à l’émancipation
Parmi la longue liste des aides proposées, la ville prend en charge une partie du coût des formations PSC1 et Bafa. Elle propose également une aide au financement du permis de conduire, et des bourses d’études exceptionnelles.
“Ce sont autant de soutiens à l’émancipation et à l’évolution des jeunes dans leur parcours de vie”, explique Fairouz Fadhel, cheffe du service Réussite et citoyenneté.
Côté loisirs, des chèques vacances sont distribués chaque année dans le cadre du dispositif Cap vacances pour financer des séjours et des projets humanitaires. Depuis 2012, le Projet jeunes majeurs offre la possibilité de découvrir une destination particulière à travers un voyage solidaire et culturel.
En matière d’emploi et d’orientation, de nouveaux événements ont vu le jour pour mieux répondre aux besoins, comme le microforum Parcoursup, le Forum pour l’emploi et le forum Avenir et réussites, les rendez-vous masterclass ou encore le Forum mobilité internationale dont la première édition se tenait en avril dernier. Par ailleurs, des permanences dédiées au dispositif SOS Rentrée sont proposées afin d’accompagner les élèves sans affectation.
La MDJ peut également intervenir en réponse à des situations de détresse, lorsqu’un jeune, par exemple, fait face à une rupture familiale ou à une grande précarité. L’équipement travaille ainsi en collaboration avec le point accueil écoute jeunes (PAEJ), le centre communal d’action sociale, l’épicerie solidaire Lol’idays…
“Quelles que soient les difficultés rencontrées, conclut Leïla Touati- Assafi, il ne faut pas hésiter à venir nous rencontrer !”
“Multiplier les actions hors-les-murs dans les quartiers”
3 questions à Luc Ladire
Au coeur de nos politiques, la jeunesse a toujours été une priorité. Il était important d’aller vers les jeunes de Vitry pour connaître leurs préoccupations, leurs envies, leurs besoins afin de faire évoluer notre feuille de route.
Tout d’abord, les jeunes ont répondu présents à un sujet qui les concerne. Nous nous sommes aperçus qu’ils appréciaient énormément leur ville, leurs quartiers et le Centre-ville en particulier. La quête d’émancipation est au coeur de leurs réflexions. En effet, ils sont intéressés par des actions concrètes en lien avec leurs projets professionnels et d’orientation post-collège, post-bac ou choix d’études. Ils ont un usage très développé des réseaux sociaux qui sont, pour eux, le moyen de communication et d’information ultime, quel que soit le sujet. Les participants ont exprimé le fait qu’ils voulaient être davantage écoutés. La santé mentale, thématique prégnante depuis le covid, a été abordée plusieurs fois : les jeunes ont besoin de parler à des professionnels de santé. Ils souhaitent également créer des lieux pour se rencontrer et échanger davantage. Enfin, l’urbanisme et les espaces verts sont d’autres thèmes évoqués lors de ces rencontres.
Il s’agira de prendre des engagements forts afin de compléter l’offre en direction des jeunes. Ainsi, nous allons développer nos actions en faveur de l’émancipation grâce à divers projets sur l’estime de soi, nous créerons un temps dédié à l’orientation, et réfléchissons à repenser les horaires de la Maison de la jeunesse pour qu’ils soient élargis en soirée. Nous souhaitons également multiplier les actions hors-les-murs dans les quartiers afin de maintenir le dialogue avec les jeunes dans le cadre de rencontres régulières, et personnaliser l’accompagnement proposé. Enfin, un travail sera mené pour rendre plus visibles les actions et les projets des jeunes Vitriot·e·s sur le site et les réseaux sociaux de la ville.
Paroles de jeunes
En mai et en juin, une série de rencontres était organisée, à travers les quartiers, pour recueillir la parole des jeunes Vitriotes et Vitriots. Auprès des agents municipaux, des élu·e·s et du maire, les participants ont fait entendre leurs visions de la ville, leurs besoins et leurs idées d’actions à mettre en place pour améliorer les politiques publiques qui leur sont destinées.