Marie-Louise Kancel, "Aider les autres, une évidence"

Publié le 02 mars 2023 Modifié le 06 août 2025
Elle est arrivée en France à 10 ans. À habité Orly, mais “ça ne compte pas”. Sa ville de cœur s’appelle Vitry. Et même si elle rêve parfois du soleil et de la mer, sa vie continue ici, à Mario-Capra. “La Guadeloupe est mon île. Vitry est ma source”, résume joliment Marie-Louise. Après avoir élevé ses trois enfants tout en travaillant comme assistante maternelle, puis en tant qu’aide à domicile, elle consacre son temps libre à son engagement associatif. “Je m’occupe aussi de mes petits-enfants « dans les trous » !”, raconte Marie-Louise, son petit bonnet noir vissé sur la tête, dans le local de la Confédération nationale du logement (CNL), dont elle est élue représentante des locataires.
“Le logement, c’est mon premier combat. Lorsque je réussis à éviter l’expulsion d’une famille, c’est le bonheur. Le problème, c’est que les gens attendent trop longtemps pour nous contacter. Ils ont souvent honte, mais ça ne sert à rien de mettre la tête dans le béton !” confie cette retraitée énergique, dont on peine à croire la date de naissance.
Aider les autres, une évidence
“Je n’ai pas pu faire d’études supérieures, mais pour moi, aider les autres est une évidence. À l’école ou à la maison, si quelqu’un avait besoin d’un coup de main, j’étais toujours la première à réagir.” Toute jeune, se souvient-elle, elle s’occupait déjà des enfants de sa soeur, et poursuivra en tant que maman et par son travail. “Quand ma mère est tombée malade, je l’ai accompagnée, et cela m’a mise sur le chemin de l’aide à domicile”, se confie Marie-Louise. “Que ça soit auprès de jeunes enfants, de personnes âgées ou en situation de handicap, il faut créer un lien de confiance, entrer dans la vie intime des gens et les aider, car ils ont besoin de nous”, poursuit-elle.
Et son altruisme ne s’arrête pas là. “J’ai découvert le comité vitriot Femmes solidaires lors d’un forum d’associations. Je suis tout de suite devenue adhérente. Faire disparaître toute forme de violence faite aux femmes me semble un combat très impor- tant. Malgré tout ce qu’on dit, les inégalités persistent notamment sur les salaires, et les femmes, qui sont pourtant le pilier de la famille, ne sont pas assez mises en valeur”, développe la militante, qui tiendra un stand lors de l’exposition du comité à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes (du 8 au 11 mars à l’hôtel de ville).
Elle ajoute : “Je n’ai pas subi de violence ou de harcèlement, mais j’en ai été témoin. On a besoin de comprendre ce qui se passe, de dialoguer avec les hommes, mais aussi d’éduquer les garçons. Mes fils savent que s’ils ne respectent pas une femme, ça ne passera pas avec moi !” Bref, le téléphone de Marie-Louise sonne très souvent. Et pas que pour des questions de logement ou de droit des femmes.
Au coeur de la Vie associative
Cette super grand-mère a passé trente ans à la section espace rythme de l’ESV et fait toujours partie de moult associations : l’Espace les Monis, l’amicale des locataires… Elle est aussi vice-présidente de l’Union caraïbéenne qui concocte entre autres des repas traditionnels. “Lorsque je suis dans ma cuisine, j’oublie tout, je peux passer une journée à préparer colombos, dombrés et accras”, raconte encore Marie-Louise, qui rigole quand on lui demande si elle a d’autres loisirs. “Des loisirs ? Mais quand ? Mon loisir, c’est d’aider les gens !” Et ils lui rendent bien. “Tu vas pas déménager ?” lui a demandé l’autre jour un jeune voisin inquiet. “Il m’appelle la coach de l’immeuble”, avoue-t-elle, flattée. Parfois, elle se dit qu’elle devrait lever le pied, mais conclue, souriante : “les gens ont besoin de moi”.
Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz
Repères
8 avril 1960 : Naissance de Marie-Louise à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.
1978 : Marie-Louise devient maman.
1979 : Elle s’installe à Vitry-sur-Seine.
1995 : Elle devient assistante maternelle, puis aide à domicile en 2010.
2013 : Marie-Louise rejoint le collectif féministe Femmes solidaires.
2022 : À la CNL, dont elle faisait partie depuis 2001, elle devient représentante des locataires auprès du bailleur Valdevy.