Rencontre avec l’autrice innue Naomi Fontaine au collège Audin

Publié le 09 octobre 2025 Modifié le 09 octobre 2025
En voyage en famille en France, l’autrice innue Naomi Fontaine est passé au collège Josette-et-Maurice-Audin pour rencontrer des élèves de troisième. Les Innus sont un peuple autochtone vivant dans les régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador. Leur nom, Innu, signifie “être humain”. Ils constituent la nation autochtone la plus peuplée du Québec.
Protéger la mémoire des premiers peuples
Accompagnée de sa mère et de son fils de cinq ans, Naomi est venue parler de son nouveau livre “Eka ashate – Ne flanche pas”. À travers les témoignages des ainés de sa communauté, elle rend hommage à leur résistance face aux populations occidentales qui ont voulu faire disparaître leur culture. Pendant près d’un siècle, les enfants innus étaient arrachés à leur famille, qu’ils ne revoyaient jamais pour la plupart, et envoyés dans des “pensionnats pour autochtones” afin d’assimiler la culture occidentale et “tuer l’indien dans l’enfant”.
Lors de son échange avec les élèves, l’autrice a livré un beau témoignage sur l’acceptation de soi et de sa différence. Sa mère a également témoigné. “D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être blanche”, a-t-elle confié. À l’époque, les gens vivaient avec la honte d’être innu. Reconquérir le sentiment de fierté d’être innue a représenté un long travail. Aujourd’hui, je me sens une personne, avant je me sentais petite”, a-t-elle conclu. L’autrice écrit pour protéger cette culture, encore très vivante malgré tout, pour que les jeunes Innus n’oublient pas d’où ils viennent.
Un parcours d’immersion culturelle
Cette rencontre s’inscrit dans un projet plus global du collège, entamé depuis deux ans pour les élèves. Après avoir abordé le thème Voyage et aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ? à travers l’étude de récits de voyage en français et en anglais, ils ont bénéficié d’un partenariat avec le musée du Quai Branly à Paris. Lors de leur visite au musée, ils ont découvert l’art et les civilisations extra-européennes. En plus de Naomi Fontaine, ils avaient déjà rencontré Michel Jean, auteur innu, et le peintre Jimmy Whiskeychan de la communauté crie, également québécoise.
Dans cette continuité est né l’atelier Racines et horizons, en vue d’un partenariat avec une école autochtone d’Amérique du Nord grâce auquel les élèves ont déjà pu échanger des lettres. Certains des élèves de cet atelier ont également eu la chance de pouvoir animer une rencontre en librairie avec l’autrice. Ce qui leur a permis d’approfondir leur compréhension de l’œuvre et des enjeux qu’elle soulève.
“Ce projet est complémentaire à l’enseignement scolaire et est le fruit d’un partenariat entre la ville et l’établissement, se réjouit Sophia Amimeur, conseillère municipale déléguée à L’Enseignement secondaire et supérieur. Il reflète les valeurs portées et permet aux jeunes de renforcer leur savoir tout en élargissant leurs connaissances.”
Margot Chauve