L'eau, un enjeu de taille

Avant l'installation de l'eau de Seine, l'eau provenait des cinq sources captées sur le plateau et amenée par des canalisations aux fontaines, lavoirs et abreuvoirs où les vitriots venait la chercher ou faire boire leur bétail.

De nombreux métiers liés à l'eau étaient exercés par des vitriots aux alentours de 1900 : fontainiers, pêcheurs, pisciculteur, blanchisseuses…
C'est en 1861 que le maire Pierre Lamouroux signe une convention pour équiper la commune de canalisations amenant l'eau courante aux habitants de la commune. Cette eau était captée dans la Seine à l'usine des Eaux de Choisy-le-Roi (qui nous fournit encore l'eau de nos jours). Mais cette eau coûtait très cher et très peu de vitriots avait la possibilité d'avoir l'eau à domicile. Des bornes fontaines alimentées en eau de Seine furent donc installées dans les rues où l'on venait s'approvisionner.

L'urbanisation rapide de la ville, d'abord avec des lotissements organisés où l'alimentation en eau était prévue (par exemple celui du parc du château), puis avec des lotissements diffus autour du Fort et sur le plateau, le long des sentiers ruraux non viabilisés, pose de gros problèmes. Ces nouveaux habitants sont « mal lotis ». La proportion d'habitants ayant l'eau courante augmente très peu. La création des Bains-douches en 1933 , puis de douches dans les nouvelles écoles construites, permet d'améliorer l'hygiène.

En 1942, lors d'un recensement des points d'eau, 2000 puits sont comptabilisés sur le territoire communal. Ce n'est qu'en 1962, que le préfet de la Seine interdit la location d'un logement si celui-ci n'est pas alimenté en eau. En 1965, un siècle après la signature de la convention, toutes les rues de la communes ne sont pas encore pourvues d'eau.

L'eau a toujours été nécessaire à la vie. A certaines époques, il était difficile de se procurer l'eau potable. Mais l'eau a eu aussi, également, un usage d'agrément et de loisirs. Jusqu'au début du 20ème siècle, les grandes propriétés de Vitry étaient ornées de bassins et de jets d'eau. L'eau "loisirs", c'est aussi la baignade dans la Seine, les jeux nautiques et le canotage, la piscine. Les fontaines publiques de Vitry d'aujourd'hui ont essentiellement une fonction décorative.

Les sources

Cinq sources jaillissent à Vitry. Elles ont été très tôt canalisées (dès avant 1768). L'eau était amenée par des tuyaux en grès ou en plomb dans des réservoirs. A la sortie de ceux-ci, l'eau était partagée entre un certain nombre de propriétaires privés et des fontaines publiques. Ce partage était une source permanente de conflits entre propriétaires, usagers et pouvoir local.
L'ensemble de ces sources débitaient environ 364 mètres cubes par jour.
Ces sources coulent encore de nos jours : leurs canalisations sont raccordées au réseau d'eaux pluviales, sauf la source de la Petite Saussaie qui alimente le bassin du parc Joliot-Curie.

Les lavoirs

De tout temps, l'entretien du linge est confié aux femmes. Qu'elles soient ménagères ou blanchisseuses, elles se retrouvent ensemble au lavoir. La cohabitation est parfois difficile. Les lavoirs représentent un lieu d'échanges privilégiés. On y discute les nouvelles. De nombreux témoignages attestent de leur rôle social.En 1905, il existe quatre lavoirs municipaux :

  • rue de la Petite Fontaine, (angle de la rue Antoine Marie Colin et de l'avenue de l'Abbé Roger Derry), construit en 1842
  • rue de la Barre (angle de la rue Camille Groult et de l'avenue Youri Gagarine), construit vers 1860
  • boulevard Lamouroux (boulevard Stalingrad) construit en 1876
  • derrière le groupe scolaire du Port-à-l'Anglais, construit en 1903.

Les trois premiers sont alimentés avec l'eau des sources, le quatrième en eau de Seine.

Les bains-douches

Le manque de confort d'une grande partie des logements incite la Commune à construire des bains-douches.

  • L'établissement municipal de bains-douches

Ouvert au public le 31 août 1933, cet établissement a été créé par la municipalité pour satisfaire le droit à l'hygiène des Vitriots mal logés. Il fermera ses portes au milieu des années 70. Ses bâtiments abritent aujourd'hui la Galerie Municipale, rue Guy Moquet."Cinquante cabines de bains ! Cinquante cabines de douches ! Le plus bel établissement de ce genre dans la région parisienne ! Tout le confort moderne, la propreté et l'hygiène les plus rigoureuses, des prix aussi bas que possible, tels sont les avantages que pourra bientôt apprécier la population laborieuse de Vitry". in Bulletin municipal. Juin 1933

  • Mais cet établissement n'était pas le premier, en effet dès le milieu du XIXème siècle Vitry-sur-Seine a possédé un établissement de bains. En 1866 la commune achève, au 48 de la rue Audigeois, la construction de salles ou cabinets de bains qui seront démolis en 1887. En cette année 1887, un particulier, Antony Veriot, ouvre un établissement privé de bains publics qu'il dirigera jusqu'en 1907, rue Audigeois, au n° 4. Cet établissement existera encore à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.

Les fontaines

Jusqu'en 1861, les seuls points d'eau à Vitry sont les fontaines et les puits.
A la fin du XVIIIe siècle, les sources alimentent cinq fontaines. Les 1947 habitants de Vitry (en 1801) viennent y chercher l'eau et y faire boire leur bétail dans des abreuvoirs :

  • la grande fontaine
  • la petite fontaine
  • la fontaine St.Aubin
  • la fontaine du Soult
  • la fontaine de la Barre

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, on construit trois autres fontaines, ainsi que des lavoirs municipaux.
L'installation d'une nouvelle fontaine est un évènement important pour la population : c'est l'occasion d'une grande fête. La fontaine du faubourg Bacchus érigée en 1846 est saluée par une chanson.Plus tard, une fontaine sera érigée place de la Heunière.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, au moins, il y a une fontaine au carrefour des rues Audigeois, de la Petite Fontaine et d'Arnetal (rue de l'Abbé Roger Derry).
Vers 1890, on perce la "trouée" de Vitry : la rue Carnot (actuellement rue du Général Leclerc) qui débouche sur ce carrefour. La fontaine gêne la circulation ; elle est, en outre, en mauvais état. Le mécanisme qui permet de choisir, soit l'eau de source, soit l'eau de Seine, est cassé. Le conseil municipal décide de reconstruire la fontaine en la déplaçant de quelques mètres. La nouvelle fontaine est finie en avril 1900; après sa mise en service, l'ancienne est démolie.

L'eau dans la vie quotidienne vers 1900

Les Vitriots sont très peu nombreux à avoir l'eau dans leur propriété. La majorité de la population va chercher l'eau aux fontaines d'eau de source ou aux bornes-fontaines alimentées en eau de Seine dont l'eau est payée par la commune. Il existe un grand nombre de puits , mais l'eau n'en est pas toujours potable.
Les Vitriots peuvent se laver à l'établissement de bains ; la lessive se fait dans l'un des quatre lavoirs municipaux. Les bêtes viennent boire aux abreuvoirs : il y a à Vitry 434 chevaux et mules, plus des vaches, des porcs et des moutons.
Il existe cinq kilomètres d'égouts mais toutes les rues habitées n'en sont pas pourvues. Les eaux pluviales et les eaux ménagères coulent alors, soit dans le caniveau des rues qui sont pavées, soit dans un fossé pour les rues non percées. On lave les rues pavées avec des bouches de lavage. Les W.C. sont placés au-dessus des fosses d'aisance que, régulièrement, on doit vidanger.

  • nombre d'habitants en 1901 : 9894
  • nombre de maisons en 1901 : 1235
  • nombre d'abonnés à la Compagnie des Eaux en 1899 : 293
  • Salaire mensuel d'un journalier : 30 Francs environ en 1861 ; 60 Francs environ en 1901

L'eau est payée par forfait annuel. L'abonnement est souscrit pour un nombre déterminé de litres d'eau par jour. Il faut en 1861 plus d'un mois de salaire à un journalier pour avoir 125 litre d'eau par jour, soit l'équivalent d'une baignoire.

Quantité d'eau en litres par 24 heures Prix de l'abonnement annuel en 1861Prix de l'abonnement annuel en 1901
125 litres35 Francs15 Francs
250 litres50 Francs 30 Francs
500 litres90 Francs55 Francs
750 litres120 Francs80 Francs
1000 litres 150 Francs 110 Francs

Page publiée le 29 juin 2007 - Mise à jour le 15 mars 2010