Éducation : du bruit pour se faire entendre

Publiée le 01 avril 2021 - Mise à jour le 01 avril 2021

© Sylvain Lefeuvre

Face à l’éducation en difficulté, un ras le bol en forme de "boucan" s’est exprimé le 31 mars devant l’hôtel de ville deux heures avant l’annonce sanitaire de fermeture des écoles. Les parents d’élèves d’élémentaire et secondaire, à l’appel de la FCPE, étaient rejoints par des enseignants.

Juste avant l’annonce présidentielle de la fermeture des écoles pour trois semaines (dont deux de vacances scolaires anticipées), une centaine de parents d’élèves en élémentaire et secondaire ont tapé sur des casseroles ou autres ustensiles pour faire du bruit contre la situation vécue dans les établissements scolaires, exaspérés par les non-remplacements de professeurs absents.

Une situation catastrophique

Dans cette manifestation à l’appel de la FCPE qui juge « la situation catastrophique » et prévoit ce rendez-vous chaque mercredi, se sont mêlés des enseignants en grève intersyndicale annoncée pour le 6 avril.

Parmi les manifestants, Romain, parent élu sans étiquette à l’école maternelle Louise-Michel, très remonté, a même écrit au président de la République et au ministre de l’Éducation nationale.

« Il faut tous se mobiliser. C’est à l’Éducation nationale d’embaucher, d’aller chercher sur les listes complémentaires ceux qui ont passé le concours l’an passé. Il n’y a pas assez d’enseignants, ainsi le non-remplacement des absents entraîne des cours non-donnés et le brassage des élèves répartis dans d’autres classes. »

Yohann, représentant de parents d’élèves à Jean-Moulin, attentif à la santé mentale des enfants, pointe, lui, le bouleversement des conditions d’éducation.

« Ma fille a eu 12 profs cette année et n’a plus envie d’être à l’école, ses cahiers sont vides. Des élèves n’ont pas d’AVS. »

Sabrina, mère d’élèves à Wallon B, vient y dire son mécontentement.

« C’est difficile lorsque le prof ne peut envoyer de devoirs aux enfants et, pour les parents qui ne peuvent pas les garder, de voir leurs enfants répartis dans d’autres classes, à faire des coloriages. Que le temps doit être long et la situation pénible pour leur prof devant une classe en surnombre ! »

Des questions sans réponse

Sur le parvis, Nageate Belahcen, à la tête de la FCPE 94, a harangué l’État au micro.

« Nous avons demandé des remplaçants, des capteurs de CO2 dans les classes, la vaccination prioritaire pour les enseignants qui le souhaitent, de l’aide psychologique dans les établissements scolaires, on nous a répondu : "on n’a pas de moyen". On nous balade. Blanquer, rend les 200 millions à l’Éducation nationale ! »

Un boucan. Précisé encore par Gaëlle Angelosanto, secrétaire générale de l’organisation départementale de parents à Marcel-Cachin :

« Malgré les visioconférences hebdomadaires avec la DSDEN, nous n’avons pas de réponse à nos demandes pour les primaires, les collèges. Dans les lycées, on ne sait pas comment sera géré et unifié le bac, déclare-t-elle. On fait peser sur le dos de la collectivité pédagogique une mesure qui n’a pas été prise ailleurs : si on avait rouvert des lits d’hôpitaux, on n’en serait pas là aujourd’hui. »

Le maire, Pierre Bell-Lloch, venu à leur rencontre, s’est dit à leurs côtés.

« Avec Isabelle Ougier, adjointe à l’Éducation, nous souhaitons réunir la communauté éducative pour faire de Vitry une ville bienveillante pour les enfants et trouver les moyens de réduire la fracture sociale. Mais 30 à 40 élèves par classe, c’est sacrifier toute une génération... Le virus circule à nouveau activement et va contaminer de plus en plus de monde. Il faut rendre prioritaire la vaccination des enseignants et des personnels des écoles. »

Réaction à la fermeture

La fermeture, dont l’annonce par le chef de l’État était imminente, était dans toutes les têtes, provoquant interrogations pour de nouveaux ajustements.

« Ses dispositions auraient dû être prises en février, réagit Dominique Angelini, représentante syndicale du Snu-Ipp et directrice d’école. Une fermeture de plusieurs semaines décidées maintenant par le gouvernement permettrait tout de même de vacciner les enseignants pour la reprise après les vacances… »

Johann, papa, prévoit l’organisation des journées à venir. « Comme mon travail me laisse du temps disponible, j'assurerai un suivi du travail scolaire à la maison, 2 à 3 heures le matin. » Sabrina, maman, revoit, elle, sa copie et annule un voyage en famille. En télétravail et demi-journée garde d’enfant, elle programme « devoirs le matin, temps libre l’après-midi et, pendant les vacances, des activités à la bibliothèque si elle reste ouverte, et des sorties dans les parcs de la ville ».

Gwénaël le Morzellec

 

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