Seny : des rues de Vitry aux galeries parisiennes
Publiée le 14 février 2022 - Mise à jour le 14 février 2022

Jeune artiste vitriot, Seny a monté à seulement 17 ans sa première exposition personnelle, All Kids Are Heroes, à Paris. Retour sur le court mais riche parcours d’un futur grand nom du street art made in Vitry.
Seny Meftah n’a pas l’âge de passer son permis de conduire, mais il présente tout de même sa première exposition personnelle à Paris. À 17 ans, ce Vitriot n’en est pas à son coup d’essai. La ville compte dans l’espace public une dizaine de ses oeuvres, dont un portrait de sa petite soeur, à l’angle de la rue Gabriel-Péri et de l’avenue Paul-Vaillant-Couturier.
Regard espiègle, couleurs vives et expression réaliste, ce pochoir emblématique de son travail était l’un des vingt portraits exposés à l’Iconoclastes Galerie, près de la place Vendôme à Paris, début février. Il y cotoyait des portraits d’enfants afghans, nigérians ou syriens.
“Je suis moi-même encore un peu enfant et voulais rendre hommage à ceux nés dans des pays pauvres, et moins chanceux que moi. Voilà pourquoi une partie des ventes sera reversée à l’association Les Amis des enfants du monde, que j’ai choisie”, explique Seny.
Seny a grandi entouré d’artistes. Son papa a lancé Vitry Jam, le premier festival de street art à Vitry, en 2010. Le jeune Seny assiste alors aux performances de Pixel Pancho ou Dan23, et produit son premier pochoir en 2017 lors d’un atelier avec SebD.
Après avoir “poché” des musiciens comme Miles Davis ou Stevie Wonder, répondu à de nombreuses commandes d’amis pour “peindre les enfants des copains, voire le chat de la famille, j’ai décidé d’arrêter et de me consacrer à ce que j’aime vraiment”, raconte-t-il. La culture urbaine occupe alors une place centrale dans sa vie. Seny investit Instagram, rencontre PNL, Fianso ou Djamel Debbouze et leur offre leur portrait. Le vrai coup de pouce viendra de Just Riadh, un humoriste au trois millions de followers, qui lui en fera gagner plusieurs milliers. Car Seny le sait bien :
“il faut avoir un pied dans la rue et l’autre sur le net. La rue, c’est l’essence du street art, et tant pis si je dois refaire trois ou quatre fois un portrait, car il a été volé ou recouvert. Le net, c’est une galerie virtuelle, car les fans de street relaient mon travail sur les réseaux”.
Si le pochoir reste sa technique de prédilection, car “il suffit d’un scalpel, d’une feuille et d’une bombe, et son rendu est d’une rare efficacité”, son travail est en constante évolution. Ce fan de Banksy, Basquiat et Virgil Abloh, entre autres, expérimente les supports comme le métal, les plaques d’EDF, le bois ou tous supports trouvés dans la rue, rajoute de l’acrylique et n’hésite pas à insérer du grillage ou des éléments en 3D à ses oeuvres.
L’entrée à la prestigieuse école d’art Boulle, en 2019, apporte à cet autodidacte un peu plus de technique et de confiance en soi. En constante recherche et envie de progresser – quand il maîtrise une technique, Seny se lasse vite ! – l’artiste réalise au fil du temps des oeuvres plus personnelles, plus fines et donc plus touchantes.
“Cette exposition est une étape, c’est important de se confronter aux regards des autres", afirme-t-il.
Parole pesée et confiance rare pour un si jeune artiste… qui a aussi décidé de préparer son permis de conduire. En route !
Portrait réalisé par Willy Richert