Soutien d’élus aux grévistes sans papiers de Chronopost

Publiée le 08 septembre 2022 - Mise à jour le 08 septembre 2022

©2022 Julian Renard

Les travailleurs sans papiers de Chronopost Alfortville, en grève depuis neuf mois, ont reçu, le 7 septembre, le soutien sur place de plus d’une dizaine d’élus, dont Pierre Bell-Lloch, le maire de Vitry.

Une dizaine d’élus de gauche, dont le maire de Vitry, Pierre Bell-Lloch, se sont rendus, mercredi 7 septembre en fin de journée à l’invite du maire d’Alfortville, au piquet de grève de 150 travailleurs sans papiers de Chronopost. Objectif : mettre en lumière leur lutte exemplaire de neuf mois et faire bouger les personnalités politiques pour que l’administration les régularise et qu’ils soient embauchés.

Contre l'exploitation indigne des travailleurs 

Au bout de la longue avenue Dolet qui s’achève à Alfortville en zone d’activité, devant l'A86, au 2, chemin de Villeneuve, devant les grilles de Chronopost, filiale de La Poste, Daoud, 57 ans, travailleur sans papiers, guette l’arrivée des élus.

Près de l’estrade abritée de la pluie où l’élégant pupitre, marqué d’une bande tricolore, indique « rassemblement citoyen contre l’exploitation indigne des travailleurs sans papiers de Chronopost », il attend les représentants nationaux, régionaux, départementaux et locaux.

 « Je suis sans-papiers et soutien de ceux de Chronopost, explique-t-il. Je n’y ai pas travaillé moi-même, moi je fais avec ce que je trouve, casser du ciment, aller jeter des déchets, décharger des palettes de briques chez des gens, pour 20-40 euros. On vient me chercher devant un magasin où j’attends. »

150 grévistes sans papiers

Autour de lui, et comme lui d’origine africaine, 150 personnes ont quitté la trentaine d’abris où lits et popotes sont installés pour ceux qui se relaient ici jour et nuit depuis neuf mois. Autour, la police nationale déploie fourgons et hommes comme à chacune des actions.

« Parmi les 150 grévistes qui réclament leur régularisation sur le territoire français, 58 ont été salariés à Chronopost. Les autres, soit l’ont été précédemment et avaient reçu une attestation après leur lutte de 2019 sans que leur dossier n’aboutisse, soit sont des travailleurs dans d’autres activités », explique Aboubacar Dembélé, délégué des grévistes, membre du collectif des travailleurs sans papiers de Vitry-sur-Seine, très impliqué comme les syndicats Sud et Solidaire entre autres.

« Notre lutte contre l’exploitation par le patron voyou remonte au 7 décembre, il y a neuf mois. J’y ai moi-même déchargé les colis des camions 4 à 5 heures par jour pendant deux ans pour le sous-traitant Derichebourg qui m’a payé 600 euros mensuels. Un simple SMS envoyé à 20h nous prévenait de venir travailler à 4h du matin le lendemain. Une belle victoire a été remportée le 5 mai 2022 quand La Poste a reconnu l’exploitation des sans papiers », insiste le porte-parole, positif.

Cependant, malgré les actions fréquentes du groupe dans la région parisienne, 3 fois par semaine, le dialogue avec les autorités préfectorales et l’entreprise La Poste s’enlise.

C’est pour « secouer le gouvernement » que les élus se sont rassemblés. Ils ont tour à tour souligné l’importance du « courage des premiers de corvée, le rapport de force remarquable, le combat pour les valeurs de la République, la lutte contre le gouvernement de la peur ».

Présents à vos côtés

Près, notamment, du maire d’Alfortville, Luc Carvounas, de l’ancien président du conseil départemental, Christian Favier, du maire de Créteil, Laurent Cathala, des députées Mathilde Panot et Isabelle Santiago, des sénateurs Pascal Savoldelli et Laurence Cohen, du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, le maire de Vitry, Pierre Bell-Lloch, a déclaré : « Vous vivez à nos côtés, dans les entreprises, les transports, dans les villes, mais l’État vous refuse le droit d’exister, de vous soigner, de circuler. Par la lutte, il est possible de gagner. Avec Christian Favier, nous avons fait régulariser des centaines de sans-papiers, nous serons présents tout au long de votre combat pour vos droits et vos papiers ».

Applaudissements des grévistes et salves de djembé ponctuent les déclarations de soutien. Dans la foule, une dizaine de salariés de Sanofi Vitry se tiennent campés, fiers d’être présents. « On apporte régulièrement notre soutien, glisse Josépha, ils en ont besoin. »

Gwénaël le Morzellec

 

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