Des collégiens de Lakanal rencontrent un jeune artiste iranien

Publiée le 02 mai 2023 - Mise à jour le 10 mai 2023

© Julian Renard

Une classe de 4e du collège Lakanal interview un jeune artiste iranien excilé, pendant la Semaine de la presse et des médias.

Ce jeudi 6 avril, grande interview dans la classe de 4e A du collège Lakanal. La trentaine de têtes adolescentes restent rivées vers Nima assis devant la tableau blanc et encadré par la professeur d’anglais qui traduit ses réponses et la professeur d’enseignement moral et physique qui a initié la rencontre dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias.

Nima et les libertés empêchées

Iranien fraîchement arrivéexcilé à Vitry, l’artiste téhéranais, explique doucement et avec ferveur sa réalité à 35 ans, face au régime autoritaire iranien et à la révolte des femmes qui gronde depuis la mort très médiatisée de la jeune Masha Amini « assassinée pour avoir mal porté le voile en septembre dernier. » Objectif final de cet exercice : réaliser un article après 4 séances d’étude du régime iranien, de rédaction et d’écoute des conseils du journaliste invité, un pro du site d’infos décalées Huffpost.

Echanges avec les reporters en herbe

Le thème d’exercice choisi par la prof d’EMP Déborah Zran rassemble les ingrédients d’un bon sujet, l’actualité chaude d’une révolte en cours dans une dictature, femmes bafouées et libertés déniées et sa valeur, communications difficiles et 1 témoignage singulier…

Pour le temps fort de cette avant dernière séance, les élèves ont donc peaufiné leurs questions. Quand elle est morte quelle a été votre réaction ? Un grand choc et une image renvoyé de l’Iran insupportable.

Avez-vous manifesté ? 

"Je n’ai pas participé à ces manifestations pour une première fois tant médiatisées, mais a plein d’autres qui ne l’on pas été dans les années 2010 lorsqu’on croyait que c’était la fin du régime".

Retournerez-vous dans votre pays ?

"Oui si le régime tombe dans un mois, sinon je construirai ma vie où je vis, là-bas on ne décide pas ce qu’on veut être c’est le régime qui décide. Le mouvement de contestation a commencé il a y a 20 ans, on ne peut l’arrêter depuis peu les femmes l’ont rejoint, même dans les écoles ou les autorités gazent les fillettes.  En France vous devriez être fiers des gens qui se sont battus lors de la révolution pour la liberté."

Quelles citations retiendront-ils ? Quelle accroche choisiront-ils pour éveiller l’attention du lecteur ? Quant aux médias favoris, tik tok, you tube, France 24, Google, ils s’enrichissent de découvertes Le Monde, Huffpost…

Gwénaël le Morzellec

Texte écrit par les collégiens

« Un jour on réalise que la vie est courte et qu’on ne peut pas rester dans un pays où tout est bloqué » c’est ainsi que Nima, excilé iranien de 35 ans, a commencé son témoignage auprès de notre classe.

Arrivé en avion en France le 28 décembre dernier, Nima a fui l’Iran, où il s’est senti en danger à de nombreuses reprises. En Iran, Nima a fait des études de théâtre et jouait dans une troupe qui se produisait dans toute la région. Mais la situation des artistes dans le pays est très compliquée, en effet, le régime au pouvoir ne permet pas de s’exprimer librement.

Depuis les années quatre-vingt les Iraniens protestent et manifestent pour leur liberté. Aujourd’hui, ce sont les femmes qui sont les principales cibles du gouvernement. Récemment, de nombreux cas d’empoisonnement ont été relatés dans des écoles et lycées de jeunes filles. Le régime impose le port du voile aux femmes dès l’enfance. C’est d’ailleurs cette question du voile qui est à l’origine des récentes manifestions dans le pays.
Le 16 septembre 2022, une jeune Kurde en visite à Téhéran, capitale iranienne, nommée Mahsa Amini, est morte suite à son arrestation violente pour un voile mal ajusté.

Pour Nima, « C’était un grand choc de se rendre compte que, pour quelque chose d’aussi insignifiant, quelqu’un peut mourir. Pourtant, en Iran et dans l’Islam, la femme a un rôle fondamental et est considérée comme une partie de Dieu ».

La mort de cette jeune femme a provoqué un traumatisme et entrainé de nombreuses manifestations dans le pays.
En Iran aujourd’hui la communication est très difficile, Nima a beaucoup de mal à joindre sa famille et ses amis. Les satellites sont coupés afin d’éviter toute fuite dans le reste du monde. Certains manifestants vont jusqu’à jeter leurs téléphones de l’autre côté de la frontière pour faire circuler les informations.

Ce puissant mouvement de protestation n’est pas le premier dans le pays. En effet, depuis une trentaine d’années, l’Iran connaît régulièrement des manifestations d’ampleur. Ces mouvements sont toujours durement réprimés, rarement médiatisés et les informations sortent très difficilement du pays. Nima raconte par exemple qu’« il y a douze ans à Téhéran il y avait eu un grand moment de protestation, plus de 7 millions de manifestants étaient dans les rues. On pensait que ce serait fini, que le régime était mort ».

Il poursuit en expliquant que « La situation des femmes est compliquée, mais déjà bien meilleure depuis le début du mouvement, il y a 210 jours. De nombreuses femmes sortent aujourd’hui sans voile dans les rues. On pressent un début d’ouverture ».

Pour lui, cela ne s’arrêtera pas, car « quand on sent le parfum de la liberté on ne peut plus l’oublier ».

  

 

Soyez le premier à réagir à cet article

 
Laisser un commentaire
Validation *

À des fins de sécurité, veuillez selectionner les 4 premiers caractères de la série.

*Champs obligatoires

Partager sur :

FacebookTwitter

Envoyer :

Envoyer