La retraite au service du bénévolat
Publiée le 06 juin 2023 - Mise à jour le 07 juin 2023
Associations culturelles, caritatives, sportives... La perspective de la retraite à 64 ans inquiète tout le monde associatif. Quels effets pourrait avoir ce recul de deux ans sur l'engagement associatif local ?
En France, près d’un retraité sur trois est engagé dans une activité bénévole. De nombreuses associations vitriotes s’appuient sur la disponibilité et l’expertise d’habitantes et des habitants seniors.
Sur le terrain, ceux qui proposent leur aide sont souvent des retraités
Un an après le début de la retraite, Sylvie Pegoraro décide de rejoindre le monde associatif et de se lancer dans le bénévolat. Désireuse de s’occuper et de s’investir, elle s’inscrit au sein de l’association Loisir solidarité retraités, et en devient même la trésorière.
“Je travaillais auparavant dans le domaine budgétaire, donc j’avais les notions nécessaires au niveau des chiffres et de la gestion de comptes, précise la bénévole de 67 ans. Peu de temps après, mon neveu qui faisait du hand à l’ESV m’a proposé de rejoindre la section, et j’en suis également devenue la trésorière ! On me dit souvent : « heureusement que tu es là ! » C’est très valorisant et on se sent impliqué dans un projet collectif.”
Membre de l’amicale des locataires CNL du 15-17, avenue Henri-Barbusse, Danièle Chergui fait elle aussi partie de ces seniors qui donnent de leur temps. La trésorière de l’association apporte une contribution essentielle à l’amicale pour “participer au bien vivre ensemble et créer du lien entre les locataires”. Une mission essentielle qu’elle mène depuis de nombreuses années et qu’elle poursuit malgré ses 81 ans.
Sylvie Taïb est elle aussi une jeune retraitée très investie. Bénévole au sein de la Croix-Rouge de Vitry, elle coordonne l’organi- sation des distributions de paniers-repas qui bénéficient à environ 300 familles. Elle peut compter sur le soutien de bénévoles qui apportent une aide nécessaire pour réaliser les collectes de denrées, gérer les stocks, préparer les colis et les distribuer.
En travaillant deux ans de plus les gens auront-ils encore la force de s’engager ?
Toutefois, Sylvie ressent plus de difficultés pour trouver de la main d’œuvre depuis quelques années : “J’ai l’impression qu’on traverse une crise de l’engagement, observe- t-elle. À cela s’ajoute la réforme des retraites qui interpelle et interroge. Est-ce qu’en travaillant deux ans de plus les gens auront encore la force de s’engager ?”
Des doutes légitimes alors que les seniors représentaient 37 % des 12 millions de bénévoles actifs dans les associations f rançaises, d’après une étude publiée par France bénévolat en 2013. À cette époque, le rapport pointait déjà une faible progression du taux d’engagement chez les seniors, avançant comme hypothèse “l’impact du durcissement des conditions de départ à la retraite”.
Lorsque Sylvie s’est engagée à la Croix-Rouge, elle l’a fait pour donner un coup de main à sa fille Sarah qui a rejoint l’as- sociation à l’âge de 15 ans en devenant secouriste. Cette dernière est aujourd’hui présidente de l’unité de la Croix-Rouge de Vitry et supervise l’ensemble des activités de la structure. Avec le recul, elle aussi constate que l’engagement a évolué ces dernières années.
“Quand je suis rentrée à la Croix-Rouge, le temps moyen de bénévolat était de sept ans, et il est désormais passé à deux ou trois ans, analyse Sarah Kerisit-Taïb. Aujourd’hui, les parcours sont moins linéaires : nous arrivons à renouveler les effectifs, mais il y a une perte de savoirs et d’expertise.”
Un ressenti confirmé par le dernier baromètre de France bénévolat qui souligne la progression du bénévolat ponctuel dans les associations.
Hugo Derriennic