Un livre sur Véronique Tahar, gilet jaune de Vitry

Pourquoi faire écrire un livre sur vous ?

Pour faire connaître le genre de vie que j’ai vécue et qui m’a amené aux gilets jaunes. Dès le début du mouvement j’ai pensé : il faut faire un livre sur cette lutte. Puis, j’ai rencontré Robert Séguéla de Livres en luttes et lui ai dit que, moi aussi je voudrais bien un livre sur ma vie, comme « André Frot balayeur de rue », qui avait été édité. Je voulais aussi parler de Vitry, ville de lutte avec la CGT, et, surtout des autres petites gens des cités populaires qui se sont levées pour dire leur ras le bol face « au banquier », « au petit roi ». Il y a des gens dans une misère totale qu’on ignore.

Comment s'est déroulée votre aventure avec l'auteure Jeanne Desaubry ?

Mon autrice, Jeanne Desaubry, est trop cool, très sympa, elle m’a mise à mon aise. Je l’avais rencontrée au Festival du roman noir de Vitry en décembre présentée par Robert qui lui avait parlé de moi. Elle m’a dit que "j’en avais sous les talons, du vécu". Puis on s’est rencontré à la Maison de la vie associative de décembre à mars. Je racontais sur moi, mais pas tout, et la semaine suivante elle me lisait ses feuillets et me réinterrogeais sur la suite. Mes enfants ont découvert des choses sur moi que je n’avais jamais racontées. Ils n’en revenaient pas…J'ai beaucoup aimé différentes parties de son écriture (ndlr : les entretiens, les témoignages et une analyse du mouvement collectif), j’aime surtout les passages consacrés aux témoignages des frères et sœurs de lutte Christophe, Joël, Jérôme, Mireille…

Aujourd'hui, vous êtes toujours dans la lutte ?

Ces deux dernières années, j’ai fait de la distribution alimentaire dans la cité Defresne et de la cuisine solidaire avec la Pagaille à Ivry. Mais, j’ai un peu trop tirer sur la corde, parce que la lutte c’est tout pour les autres. Alors je m’accorde du temps pour respirer pour moi-même. J’ai découvert le théâtre à Jean-Vilar, je pensais m’ennuyer mais j'ai tout de suite voulu monter sur la scène et jouer -c’est ce qu’on nous proposait. Maintenant on m’appelle quand il y a des ateliers… Mais, je reste vaillante avec la rentrée qui s’annonce. Les hausses de prix de l’électricité, de la SNCF de la RATP et peu d’augmentation de salaire, ça va être horrible. Les chômeurs, les gens aux RSA, les étudiants ont déjà bien morflé…

Où peut-on trouver le livre ?

Il est en vente à livres en Luttes (62, avenue Guy-Môquet), le sera à la fête de l’Humanité et au festival du Roman noir et social. Le 7 septembre je suis invitée de 11h à 12h pour en parler à Radio libertaire (89.4 sur la bande FM ou sur Internet).

Gwénaël le Morzellec