Samir, créateur de street food à succès

Il a grandi dans le quartier Balzac, puis au 113, rue Camille-Groult. Un peu de foot, un peu de natation, beaucoup de rigolade avec les copains. Après le collège Rabelais et deux ans à Jean-Macé, Samir décroche avant de passer son BEP maintenance mécanique des systèmes automatisés. “J’étais fort en maths ! Mais je voulais travailler, avoir une paye. Alors j’ai fait plusieurs jobs. Préparateur de commandes, conducteur poids lourd – j’étais content de voir le ciel ! – puis vendeur de livres pour enfants sur les marchés”, raconte Samir, en buvant son café sur la terrasse du Leclerc, à quelques pas de sa désormais célèbre camionnette blanche “Une friterie à Vitry”.

De la galère à l'idée de génie

Les yeux sont rieurs mais déterminés, clairs mais teintés de gravité. C’est qu’il en faut de la volonté pour monter son business, seul, sans diplôme ni réseau, en pleine crise covid. “Faut pas raconter que ça c’est fait comme ça, du jour au lendemain !” Le “ça” c’est le succès les mercredi et jeudi devant le théâtre Jean-Vilar, le vendredi et le week-end au 11, rue Eugène-Hénaff. Le “ça”, ce sont les événements sur lesquels on appelle Samir pour venir régaler, les articles de presse qui vantent la qualité de ses produits (de la pomme de terre bintje, rien que de la bintje “ferme et fritable” !) et la justesse de sa carte. Mais avant de devenir une adresse gourmande incontournable de Vitry, il y a eu les galères et l’idée “de génie” de transformer un container maritime (échoué là près de l’entrepôt où Samir stockait ses livres) en friterie.  “J’ai toujours adoré cuisiner. De ouf ! Transformer des produits bruts en produits finis. Ma femme n’ose pas trop toucher la cuisine !” raconte ce père de famille de quatre filles.

L’idée aussi de monter une association de quartier pour aider ceux qui galèrent en bas de chez lui. De lieu de vie et de détente pour les familles, en projection de matchs de foot, l’espace devient propice aux repas improvisés, et Samir se fait la main doucement. “J’aime voyager et je connaissais bien les friteries, car j’allais souvent « là-haut », pour la braderie de Lille, entre autres. Chaque fois, je me disais, les frites là-bas sont meilleures, on pourrait en faire chez nous !”

De l'idée de génie au rêve...

Après avoir ramené les ingrédients indispensables (sauces belges, graisse de bœuf ), Samir peaufine ses recettes au gré de ses envies et finit par ouvrir son container au grand public en 2018. Une friterie à Vitry est née. Et de bouche (gourmande) en oreilles (attentives), le moins belge des frituristes se fait une place et diversifie son offre, sandwichs au gouda, au poisson fumé po’ boy, omelettes, carbonades flamandes… en prenant soin de bien choisir ses produits à Rungis, “le garde-manger de l’Île-de- France”. Il raconte : “J’ai ensuite acheté ce camion qui appartenait à une friterie belge et a même circulé avec le tour de France !”

La nouveauté en ce moment, ce sont les glaces mexicaines aux fruits frais, “les paletas”, confie Samir. “Mes parents, mon frère et ma sœur, tous Vitriots, mes enfants adorent passer pour déguster des frites, et je veux continuer cette street-food « gastronomique » qui plait aussi bien aux mamies qu’aux jeunes qui ressortent « choqués » et kiffent les associations de goût ! En cuisine, les possibilités sont infinies !” Et Samir finit même par révéler son grand secret, son rêve en cours de concrétisation : ouvrir aussi un restaurant. Et on n’a pas du tout de mal à y croire.

Portrait réalisé par Katrin Acou-Bouaziz

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