Rose Goubert, une histoire franco-anglo-indienne

Publiée le 19 décembre 2023 - Mise à jour le 22 décembre 2023

© Julian Renard

Anglo-indienne devenue française, Rose Goubert est installée à Vitry depuis 40 ans. Elle est la présidente de l’association Sourires d’espoir du théâtre, enracinée dans le quartier du centre-ville, au 14, rue de la Glacière.

À 20 ans, elle avait prévu de quitter l’Inde pour entamer une carrière de secrétaire à Manchester, en Angleterre. “Je devais rejoindre une tante paternelle qui m’avait trouvé un travail”, se souvient Rose, attablée dans le local de son association. Elle avait tout minutieusement préparé : son premier grand voyage comportait une escale chez sa sœur à Vitry, quartier Balzac. Des vacances de quelques jours qui, finalement, s’étirent à n’en plus finir… La faute à un coup de foudre prénommé Joseph.

“Je suis tombée amoureuse et j’ai tout laissé tomber : l’Angleterre, Manchester, la vie de secrétaire…”

Joseph Goubert est Vitriot, originaire de Pondichery, capitale des Indes françaises jusqu’en 1954, situé à 500 kilomètres du village natal de Rose, Visakhapatnam, dans l’État d’Andhra-Pradesh. Celui-ci était placé sous domination britannique jusqu’à l’indépendance de l’Inde en 1947.

C’est avec Joseph que Rose fera sa vie : ensemble, ils auront quatre enfants. Elle leur a transmis les valeurs de son enfance “stricte et aisée”, partagée entre sa mère indienne, son père anglais et les bonnes sœurs du pensionnat où elle a fait toute sa scolarité. Ses enfants occupent aujourd’hui “des postes à responsabilités dans de grandes sociétés”, précise Rose. Ils sont sa “plus grande fierté”.

Quand l'Amour transcende la barrière de la langue

Avec Joseph, leur amour a transcendé la barrière de la langue. Rose le rappelle : “Au départ, je ne parlais pas du tout français, j’étais 100 % anglophone. Et lui ne comprenait rien à l’anglais”. Les premières années en France ont été difficiles, loin de l’Inde et de sa mère, d’autant plus que le billet d’avion était “bien trop onéreux”. À l’école Anatole-France, le soir, Rose suit des cours de français pour adultes dispensés par “une certaine madame Roideau”. Petit à petit, elle saisit des opportunités, enchaîne les contrats courts. Comme assistante-documentaliste au collège Jules-Vallès puis comme secrétaire au CNRS pendant cinq ans.

“Pour la stabilité”, elle passe un concours et devient fonctionnaire au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP). Aujourd’hui, Rose parle couramment trois langues : l’anglais, le telugu, langue officielle de son état natal, et le français. Elle a fondé, en 2005, l’association Sourire d’espoir des Franco Anglo-indienne et Sri Lankais (ASEFAIS), rebaptisée Sourires d’espoir du théâtre, en référence au théâtre Jean-Vilar “juste à côté”. “L’envie m’était venue de ma fille aînée qui voulait apprendre la danse boolywood”, détaille Rose.

Dans les pas de son père

D’année en année, l’association s’est développée pour répondre à la demande : cours de danse, mais aussi cours d’anglais pour enfants et adultes, cours d’alphabétisation en français, dons de vêtements, fêtes indiennes à travers la ville… Rose se plaît à diffuser un peu de sa culture d’origine au cœur du melting pot vitriot. L’Inde, elle y retourne désormais une fois par an, mais seu- lement en février.

“Je suis devenue tellement française que je ne supporte plus le climat trop chaud de l’été !” s’esclaffe-t-elle.

Parmi toutes les actions menées, il y a un projet qui lui tient à cœur : les dons pour un orphelinat situé à quelques kilomètres de son village du sud-est de l’Inde. Rose se dit qu’elle marche peut-être sur les pas de son père décédé alors qu’elle avait 12 ans. Ingénieur, il avait ouvert une école accessible à celles et ceux qui n’avaient pas les moyens de payer des frais de scolarité. “C’était un message fort à une époque où l’instruction relevait du privilège.”

 

Repères :
1965 - Naissance à Visakhaptnam, dans l’État de l’Andhra Pradesh au sud-est de l’Inde.
1983 - Arrivée à Vitry.
1989 - Naissance de Cynthia, l'ainée de ses quatre enfants.
1991 - Intègre le CNRS comme secrétaire.
2005 - Création de l’association ASEFAIS qui deviendra Sourires d’espoir du théâtre.
2023 - Participation de l'association au Village vacances tout l'été.

 

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