Résilience sportive à Jéricho

Publiée le 04 janvier 2024 - Mise à jour le 04 janvier 2024

En octobre 2022, Vitry lançait un projet de coopération décentralisée avec Jéricho, en Palestine. L’objectif ? Développer des activités sportives pour toute la population, en partenariat avec la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et l’ESV. Mais, depuis le 7 octobre, la guerre a bouleversé ces perspectives. Point sur la situation avec les animateurs palestiniens.

Jéricho : vie quotidienne en temps de guerre

C’est un fait évident : en deux mois, la situation à Jéricho est devenue chaotique. La guerre a ravagé la ville. Nous sommes en période de fêtes, mais les rues sont vides. Les commerçants craignent la faillite, le chômage s’installe et les touristes fuient la région. Shérine, animatrice sportive, partage son témoignage :

« On a déjà vécu des guerres ; mais comme celle-là, jamais. L’armée israélienne s’attaque aux enfants, aux femmes, aux personnes âgées. Et même aux lieux de culte ».

L’impact sur les activités de la FSGT ? Considérable. Les élèves ont quitté les écoles. La sécurité reste précaire, car l’armée israélienne peut pénétrer dans la ville à tout moment. Par conséquent, les animateurs ont dû s’adapter en organisant les entraînements :

  • dans des espaces proches du centre-ville ;
  • dans le quartier des enfants ;
  • et plus tôt dans la journée.

Leur but est simple : faciliter une évasion rapide en cas d’attaque, et permettre aux petits Palestiniens de rentrer chez eux sains et saufs. C’est là leur principale préoccupation. Pourtant, eux aussi, sont victimes de la guerre :

« On a peur pour les enfants. Mais on va mal, nous aussi. J’ai perdu 45 membres de ma famille à Gaza. Les bombes ont détruit nos maisons », raconte Hamza, animateur sportif.

Quant aux événements inclusifs pour les personnes en situation de handicap, impossible de les maintenir. Une réalité bien difficile à vivre pour elles, comme pour les organisateurs.

Faire sourire les enfants : la mission des animateurs de Jéricho

Malgré ces obstacles, les intervenants demeurent résolus. Face à la désertion des écoles, l’équipe a choisi d’intensifier les activités proposées aux jeunes. Quitte à risquer leur propre vie, comme en témoigne Hamza :

« On organise des animations dans un camp de réfugiés près de Jéricho. Mais on se met en danger en y allant. L’armée israélienne peut débarquer n’importe quand. On le fait quand même, car notre priorité, c’est de prendre soin de ces enfants ».

Alors, on fait de l’ultimate, du handball, du volley et de l’athlétisme. L’impact sur les élèves s’avère extrêmement positif :

« La situation est très difficile pour eux. En multipliant les activités, on leur permet de jouer, de se dépenser. On les aide à chasser les idées sombres en leur offrant du plaisir », explique Manale, la coordinatrice des animateurs.

Redonner le sourire aux enfants : voilà une récompense inestimable qui pousse les animateurs à continuer ce projet. En 2024, et aussi longtemps que possible. Une lueur d’espoir, car ils ont réussi à recruter de nouveaux intervenants dans cette perspective.

Avant de se quitter, Shérine a un dernier message à faire passer : « Nous resterons ici, quoi qu’il arrive. Nous ne quitterons pas notre terre, car le peuple palestinien aime la paix, la vie, et le sport ».

Ce dont ils ont besoin ? Pas d’argent, résolument. Mais de faire entendre leur voix à la population française.

Voilà, on l’espère, chose faite.

Nina Senoyer

 

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