Les réalisateurs, lorsqu’ils m’appellent, veulent tourner à Vitry parce qu’ils recherchent des ambiances spécifiques : cité, appartement des années soixante-dix, ancienne voie ferrée, terrain de foot désert…”, raconte Youssef Samaghare, fixeur, c’est à dire en charge de faire le lien entre les équipes de tournage et les habitants. Ce fut, par exemple, le cas pour le tournage de la série Les Beaux Mecs, avec Simon Abkarian et Anne Consigny, à Mario Capra en 2010, où des appartements ont été utilisés. “Il y a eu six mois de boulot. Le fait de connaître beaucoup de monde, les personnes clés, les lieux, me permet d’amener les choses en douceur. Cela donne aussi l’occasion d’offrir du travail à des jeunes, pour faire la sécurité par exemple”, poursuit Youssef, fier de son rôle et du bénéfice d’une telle situation pour un quartier.
Autre lieu où il a fallu que Youssef balise le terrain : le square de l’Horloge en 2014 où la bande des Inconnus a posé ses caméras deux semaines pour Les Trois Frères, le retour. “Les équipes reviennent aussi ici pour l’ambiance chaleureuse. À chaque fois, ils sont agréablement surpris par l’accueil des Vitriots – les mamans descendent apporter du thé et des gâteaux ! – et confient qu’ils préfèrent se poser à Vitry qu’à Paris XVIe où tout le monde râle”, confie Youssef. Mais ce n’est pas toujours le Vitry cliché “banlieue parisienne” qui intéresse. Le paysage industriel représente aussi une aubaine pour les professionnels du cinéma. Exemple en 1974 avec le film Borsalino and Co., avec Alain Delon, dont une scène a été tournée au centre d’essais ferroviaires de la SNCF. L’action, censée se dérouler en 1934, a eu pour cadre le banc d’essais des machines à vapeur. Une locomotive de type 231K8 en était la vedette, un des truands marseillais y faisait même disparaître un rival…
Autre centre d’intérêt, le pont suspendu du Port-à-l’Anglais qui a servi par exemple de décor dans le film Le Quart d’heure américain en 1982, avec Anémone, Martin Lamotte et Gérard Jugnot, qui laisse entrevoir l’ancien café Le Phare de Vitry… Ou encore dans les scènes finales d’Interdit aux moins de 13 ans, de Jean-Louis Bertuccelli. “Ce sont des endroits que je trouve beaux, dotés d’une certaine poésie”, expliquait le réalisateur au magazine municipal de Vitry à l’époque. Il y a aussi le Mac Val, que l’on reconnaît dans RTT en 2007 lorsque Kad Merad recherche une voleuse d’art repentie (Mélanie Doutey). Les collèges et lycées aussi sont bien pratiques pour certains scénarios. Adolphe-Chérioux représente un cadre idéal. En 1962 y est tourné le célèbre film La Guerre des boutons d’Yves Robert, avec Michel Galabru, et encore en 2003, Les Fautes d’orthographe, réalisé par Jean-Jacques Zilbermann, ancien pensionnaire des lieux. Camille-Claudel prête aussi son ambiance ado pour une série dont se souviendront bien les quarantenaires, Seconde B, tournée en 1992.
Même les bâtiments municipaux se sont plusieurs fois prêtés au jeu. Ainsi, un épisode de la série Julie Lescot se déroule sur le parvis de la mairie ! Tandis que le film Trois Amis de Michel Boujenah, avec Mathilde Seigner, s’installe un temps au service Réglementation en 2006 ! Il faut aussi citer le réalisateur Jean-Pierre Mocky, amoureux de Vitry pour son côté “populaire et artiste”, qui y a tourné près d’une dizaine de films entre 2000 et 2014 et même consacré un court-métrage de trois minutes. Et la liste (non-exhaustive) ne s’arrête pas là puisque le tournage d’une série inspirée du livre Le Syndrome E (avec Kool Shen, Vincent Elbaz et Dominique Blanc) a eu lieu cet été dans la résidence Germain-Defresne. Quatre jeunes Vitriots y ont été engagés pour aider l'équipe technique. À suivre sur TF1 en 2022…
Katrin Acou-Bouaziz