Hommage à Marguerite Jungerman

Marguerite Jungerman, peintre-lithographe, est décédée le 28 janvier 2022. Vitriote de longue date, elle présentait ses oeuvres lors des expositions de l'Union des artistes peintres de Vitry ou de l'association Pigment et fut lauréate du prix Bréauté de gravure, décerné par l’Académie des Beaux-Arts.. La ville lui rend hommage.

L’artiste Marguerite Jungerman, née le 18 juillet 1928 à Saint-Girons en Ariège, est décédée le 28 janvier 2022. Fille de Marcel Bonnevay, polytechnicien et directeur de la Société des Charbonnages du Tonkin et des chemins de fer de l’Indochine, et de Jeanne Bergès, artiste peintre, elle quitte très tôt la France et la demeure de sa famille maternelle connue pour son usine à papier, les papèteries Bergès, pour l’Indochine où ses parents s’installent jusqu’à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale.
 

En France, dans les années 1950, elle intègre l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs et l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et emménage à Vitry où elle vivra plus de soixante-dix ans. En 1954, elle épouse Sewek Jungerman (1921-1988), juif polonais, résistant et rescapé de la Shoah, dont elle a deux filles qui ont grandi à Vitry, Frédérique (8 avril 1959 - 17 mars 2022) et Nathalie (née en 1964). Elle travaille dans son atelier adjacent à sa maison, où trône la presse à lithographie, dite “bête à cornes”, ou presse à bras, qui date du milieu du XIXe siècle et sur laquelle, paraît-il, Picasso a fait quelques tirages.

Prix Bréauté de gravure

Tous les ans, et dès sa création dans les années 1960, elle expose à la galerie municipale de Vitry-sur Seine avec l’UAPV (Union des artistes peintres de Vitry) ou avec le collectif Pigments. Elle présente également ses œuvres (expositions personnelles) dans d’autres lieux et d’autres villes. Elle obtient en 1990 le prix Bréauté de gravure, décerné par l’Académie des Beaux-Arts. Au moment de son décès, elle habitait depuis deux mois dans une maison de retraite à proximité de sa fille cadette, à Vanves.

Elle se plaisait à regarder un mur abîmé, les auréoles et les taches formaient sous ses yeux des compositions de personnages, de silhouettes, des images mouvantes ; le mur l’aspirait dans un autre espace, dans une perspective possible, une profondeur qui inspirait ses dessins au fusain et ses lithographies, aux oppositions franches, entre pénombre et lumière vive.

« Le désir impérieux de cadrer un volume, une forme, une lumière ou une situation insolite qui en fera dévier l’attention, la lecture. Peu importe le sujet. Jouer avec le vide. Une tache sur un mur sale, érodé, prend forme, se concrétise, inconsciemment vient s’y greffer une démarche critique, voire ironique, peut-être illustrative, malgré cette volonté de tendre vers l’essentiel, vers la plasticité d’une surface en mouvement. La préhension des choses de la vie à travers l’être humain, émouvant et souffrant. »

Marguerite Jungerman
exposition personnelle "Marguerite Jungerman, peintures et lithographies"
Galerie municipale de Chennevières-sur-Marne (1998)