Infirmier au quotidien

Publiée le 21 avril 2020 - Mise à jour le 23 avril 2020

Sébastien, Vitriot, infirmier anesthésiste au SMUR de l'hôpital Necker et au SAMU de Paris, reste sur la brèche comme ses collègues.

"Je reprends de nuit vendredi et serai de garde, expliquait Sébastien Capelle, 44 ans, infirmier anesthésiste, habitant du Port-à-l'Anglais, mercredi 8 avril. Et ce sera reparti pour une semaine de 50 à 70 heures. Ce qui est clair, c'est que ça va augmenter si les gens ne respectent pas le confinement."

Pour lui et ses collègues, il faut tenir encore plusieurs semaines.

Le beau temps est là. Pour les enfants, les ados et leurs parents, les sans-emploi et les chômeurs partiels, ceux qui ne travaillent pas sur le terrain, ni ne télétravaillent, l'effort de confinement indispensable peut être pénible. "La période est compliquée, il fait super beau, tout le monde veut sortir. Même si les chiffres des entrées en réanimation baissent légèrement, on reste dans une période de transition qui appelle beaucoup de vigilance", insiste l'infirmier, membre du SMUR de l'hôpital Necker et du SAMU de Paris. Il met en garde. "Cette baisse des entrées en réa ne signifie pas qu'on est sorti de la crise. Ces chiffres qui s'améliorent sont l'effet du confinement. Il faut vraiment tenir plusieurs semaines avant de pouvoir penser au déconfinement.  Si les gens relâchent leurs efforts, l’épidémie reprendra de plus belle. Avec un système de soin dans le rouge, ça pourrait être explosif."

Le professionnel s'est continuellement adapté à la situation de crise depuis plus d'un mois.

Il a d'abord fallu renforcer les équipes de régulation du SAMU de Paris submergées d’appels. Puis, face au nombre en hausse de patients à prendre en charge, il a été nécessaire d’augmenter les ambulances de réanimation pour assurer les nombreux transferts interhôpitaux. Dernière adaptation en date au SAMU : depuis près de 15 jours, Sébastien  prépare et contribue au transfert des malades par train sanitaire médicalisé vers la Bretagne. "On amène le patient jusqu'au train, on monte avec lui pour assurer la continuité des soins, puis les équipes médicales bretonnes prennent le relais dans des services de réanimation qui viennent de s’adapter en augmentant leur nombre de lits. Là, j'en reviens, je suis épuisé. Ces deux, trois dernières semaines, j'ai travaillé 70 heures par semaine. Et même quand tu rentres à la maison, tu restes un peu à l'hôpital quand même."

Des situations l'ont beaucoup impressionné.

Il a constaté que, outre les seniors, les personnes de 40-50 ans étaient touchées. Surtout, il a été impressionné par la vitesse de dégradation de la santé des malades qui, en quelques heures, nécessitent parfois d’être intubés pour une assistance respiratoire.

Ce qu'il faudra changer selon lui.

Quand sera venu le temps du bilan, il espère que tout sera mis sur la table et des financements débloqués. "En Île-de-France, je ne connais pas un service qui est complet, il manque des infirmiers dans tous les hôpitaux, des infirmiers anesthésistes dans tous les blocs opératoires, des aides-soignants… Les urgences sont en grève depuis plus d’un an."

Ce qu'il lui manque aujourd'hui au travail.

Les consommables sont là : respirateurs, médicaments, équipements de protection, mais le stock en tension laisse peu de marge de manœuvre. "On n'est pas au point de ce que vivent les EHPAD et les établissements psychiatriques. Je tire mon chapeau à leurs équipes."

Ce qu'il pense des risques pour sa santé et celle de ses proches.

"J'ai un état d'esprit fataliste, je ne réfléchis pas ni ne me prends la tête à penser que je pourrais le transmettre à la maison. Mais je fais ce qu'il faut pour ne pas l'attraper : je me lave les mains, je mets le masque."

Gwénaël le Morzellec

 

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