Visual Transdev, accord de licenciements par découragement

Publiée le 15 janvier 2021 - Mise à jour le 03 février 2021

Les chauffeurs de Visual filiale Transdev ont finalement accepté leurs conditions de licenciement « par désespoir » et dénoncé la fermeture définitive de l’entreprise.

Aucun emploi ne sera sauvegardé.

A l’issue de l’assemblée générale du 15 janvier en présence de 79 % des salariés pour l’essentiel des chauffeurs, ont finalement accepté les conditions de licenciement. Les premières lettres mettant fin à leur contrat, plus de 30 ans pour certains, devraient être envoyées par la direction mi-mars, si la Dirreccte service de l’État pour l’emploi, valide le dossier.

Voté par désespoir

« Cet accord a été signé par désespoir par les salariés. Les élus du personnel estiment qu’il ne correspond ni aux moyens du groupe Transdev, détenu majoritairement par le Caisse des dépôts et consignations soit l’État et dont nous sommes la filiale, ni à la reconnaissance de l’ancienneté et de l’investissement des salariés de Visual, » lâche amer, le secrétaire du Comité social et économique (CSE) Unsa. D’autre part, nous avons démontré comptablement que des pistes pour la sauvegarder sont possibles (activité partielle de longue durée pour seulement 16 salariés plus plan de départ volontaire, baisse des véhicules, un dépôt conservé sur deux) , mais elles n’ont pas été explorées par la direction ».

Manif Appel des TUI samedi 23

Samedi 23 janvier, des salariés de Visual iront grossir la manifestation à l’appel des agences de voyages TUI (ex Nouvelles frontières) à Paris à 14h à l’Assemblée nationale. Elle veut rassembler de nombreux employés en colère victimes de la crise Covid.

« Parmi les filiales de Transdev, plusieurs sociétés connaissent actuellement une procédure de licenciements, souligne Jérôme Lafon secrétaire du CSE, le cas Visual à Vitry et Roissy est précurseur d’une avalanche de plans sociaux décidés par de puissants groupes qui ont bénéficié, pendant un an de l’aide de l’État, donc des contribuables, tel l’allégement de cotisation des charges patronales dans le cadre des mesures de chômage partiel».

Le 15 janvier -C'est près du dépôt de Roissy de la société Visual Transdev, majoritairement détenue par la Caisse des dépôts et consignations, que se tiendra, en présentiel, demain, samedi 16 janvier, la dernière assemblée générale des salariés. Elle approuvera ou non le plan de sauvegarde de l'emploi en phase finale d'élaboration, soit les modalités d'accompagnement des salariés après licenciement. Une réponse et éventuelle une signature qui sera donnée le 19 janvier.

Le secrétaire CSE juge en tout cas que le projet plan est faible.

Montant de formation reconversion trop faible

« Les montants de formation reconversion s'élèvent à 5 000€, que peut faire un salarié avec un tel montant. Ceux qui voudraient monter une entreprise bénéficieraient de 5 000€ voire 3 000€ au delà de trois mois. Qui pourrait monter une entreprise en trois mois ? Sans parler des indemnités supralégales de 950€ par année de présence pour les moins de 50 ans et de 1 100 euros pour les plus de 50 ans. Ceci est très faible pour ceux, âgés, qui auront des difficultés à se reclasser, à se reconvertir, alors que la situation économique déjà compliquée est aggravée par la crise du covid. »

L'avis du CSE sur les motivations économiques amenant à une fermeture définitive de l'entreprise sera rendu le 18 janvier. Il faut savoir qu'en France, et dans la région parisienne, 5 autres filiales Transdev sont ainsi traversées par la même procédure.

Le CSE estime « avoir subi des pressions dans un climat délétère et que la direction de Visual Transdev n'a pas exploré d'alternatives à la fermeture, telle une réduction du personnel et du parc d'autocars ».

« En outre, plusieurs salariés remettent en cause les montants de leur rémunération en chômage partiel jugés incomplets », poursuit le secrétaire du CSE. En effet l'entreprise bénéficie des mesures d'aides exceptionnelles de l’État mises en place pendant la crise sanitaire par les pouvoirs publics.

La fermeture de l'entreprise est en jeu... Conséquence unique de la crise covid, se questionnent les salariés, à l'heure où les entreprises réduisent la voilure, par exemple le projet de 1 150 départs volontaires à Aéroports de Paris ?

Rappelons le déroulement des semaines passées.

Projet de fermeture

A la mi-décembre -Après des mois d'inquiétude et d'interpellation de la direction (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions mi-décembre), le CSE a appris fin octobre que l'entreprise allait être fermée.

« Dans les documents de l'orientation stratégique du groupe, Visual n'apparaît plus dans les cases », s'émeut Jérôme Lafon.

Un choc pour les alors 64 salariés et leur famille, essentiellement des chauffeurs, souvent âgés de plus de 50 ans avec plus de 20 ans d'ancienneté. Depuis, des AG régulières en visio ont lieu avec les salariés.

Les salariés pensent que d'autres voies sont possibles

Le représentant syndical poursuit : « Notre filiale appartient au groupe Transdev qui a enregistré 45 millions d'euros de bénéfice net l'an dernier, et nous pensons que d'autres voies que la fermeture étaient possibles ».
Avis partagé par la CFDT : « la fermeture totale est une grave décision qu'on ne comprend pas, note Jean-François Dallet. Ça a été une surprise, car il y a toujours de l'activité, même si elle a baissé de 80 %. Il y a l'hiver à passer ».

Opinion reprise et complétée par d'autres salariés, notamment de la CGT : « Suite à la crise covid, on enregistre une grosse perte de chiffre d'affaires et aussi de clients défaillants, mais on était la compagnie n°1 dans la région parisienne. On a sasi une opportunité de se séparer de Visual, déficitaire depuis des années en raison, entre autres, des facturations dues à notre groupe Transdev pour nos locaux, véhicules... »

Dialogue social difficile

En cas de fermeture, les représentants des salariés réclament que le groupe Transdev, et non la filiale Visual, mettent les moyens à la hauteur de la situation.

« Nous craignons une faiblesse des moyens donnés par la direction de Visual pour le plan de sauvegarde de l'emploi et qui ne correspondent pas à ceux du groupe qui décide de nous fermer. »

Des représentants syndicaux estiment, en outre, que les négociations sont entravées.
« On nous attache les mains derrière le dos et on nous bande les yeux, on nous dit de négocier, et au pas de course, déclare Jérôme Lafon. Les experts auxquels on a droit ont été recalés par la direction mais, pour autant, le temps des négociations n'est pas allongé. »

Il annonce l'intention du CSE de saisir la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Dirrecte) qui ne suivra pas la demande des salariés.

Gwénaël le Morzellec

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