Un feu vert pour la culture !

« Quelle disqualification pour tous les acteurs culturels ! » Alexia Fabre navigue entre colère et désarroi ce samedi 20 mars. La directrice du Mac Val joue à domicile puisque c’est devant son musée que se sont donné rendez-vous les lieux d’art et de culture de la ville.

Du théâtre Jean-Vilar au Kilowatt en passant par les 3 Cinés Robespierre ou le Studio-théâtre de Vitry, c’est un appel à la mobilisation générale et à l’union pour dénoncer le mépris affiché par le gouvernement au monde de la culture. Pour Frédéric, directeur technique de la Briqueterie, le combat est multiple :

« L’occupation des théâtres se multiplie en France et nous la soutenons, mais nous voulons aussi une perspective d’ouverture. Les intermittents n’ont pas bossé depuis un an, ils ont besoin d’une autre année blanche pour survivre. Et que dire de la réforme de l’allocation chômage ? »

Pour Aurélien, du Kilowatt, la situation est tout simplement « gravissime. Il n’y a aucune perspective, aucun dialogue, on ne s’attend pas à la teuf, mais juste à un début de concertation. Nous savons gérer les publics, il faut nous faire confiance ! »

Dénoncer les absurdités de traitement

Les centaines de personnes présentes sont unanimes, elles sont là pour donner de la visibilité à la culture et mener ce combat en commun. Musiciens, comédiens ou plasticiens ont donc investi les rues de la ville pour dénoncer les absurdités de traitement, comme Olivier nous l’explique : « Je suis coiffeur-perruquier pour le théâtre donc je ne peux pas bosser, mais les coiffeurs dans le commerce sont ouverts ! »

« Lors des dernières annonces, le premier Ministre n’a pas eu un mot en direction des actrices et acteurs du secteur culturel. Pire, rien n'a été réfléchi, travaillé, même esquissé pour permettre la réouverture des lieux culturels.  Le gouvernement reste inflexible face aux appels des artistes, intermittents, techniciens frappés durement par la situation », indique Fatmata Konaté, adjointe au maire chargée de la Culture.

Un an sans concert, plusieurs mois sans spectacle, alors quand des artistes se retrouvent, les violons et les guitares sont forcément de sortie et on chante « J’veux du soleil » ensemble. Le soleil, solidaire avec le monde de la culture, pointe le bout de son nez le temps d’une marche vers le marché sous les encouragements et klaxons de Vitriots solidaires. « Tous les artistes sont en galère, explique Théo, 30 ans, membre du Studio-théâtre, mais moi j’ai la chance d’avoir des petits boulots à côté. Les étudiants en art, eux, sont en vrai souffrance au présent et sans perspectives. »

Une question de survie

Le monde de la culture refuse de se laisser mourir car le public a besoin de culture, comme nous le précise Marion, psychologue à Cachan : « Les gens souffrent du confinement, et n’ont même pas cette fenêtre de liberté, d’ouverture au monde et d’évasion. On rajoute de la souffrance à la souffrance ».

Voilà pourquoi élus, artistes, administrateurs de lieux et public s'étaient rassemblés en nombre pour que l’essentiel retrouve sa place dans nos vies, c’est une question de confiance et de survie.

« La crise sanitaire que nous traversons est terrible, personne n’est épargné mais la fermeture des espaces culturels a indéniablement un impact sur l'état d'esprit de chacun et chacune. Les études le montrent, les lieux culturels ne sont pas des espaces de contamination et la mise en place d'un protocole strict est parfaitement absorbable pour eux. Avec le maire et les élus, nous soutenons la mobilisation. Il y a urgence afin de ne pas aggraver davantage les effets néfastes de ces fermetures : les musées, théâtres, cinémas doivent rouvrir au plus vite », conclut Fatmata Konaté.

Willy Richert