Fermeture des cafés-bars, une si longue attente

Publiée le 01 avril 2021 - Mise à jour le 01 avril 2021

© Sylvain Lefeuvre

Avec leur débit de boissons fermé depuis fin octobre 2020 par mesures sanitaires, les 44 cafés-bars de Vitry attendent un signal, qui semble lointain, d’une réouverture, et tentent de garder le moral.

Panaché ? Diabolo fraise ? S’asseoir ou s’accouder pour partager un verre, discuter, picorer dans la coupelle de cacahuètes, croquer un sandwich ou s’attabler pour un plat du jour... Ces plaisirs simples, si précieux à l’animation de la vie locale, ont déserté la ville. Les quarante-quatre cafés-bars vitriots, selon le recensement du service Commerce de la ville et de Grand-Orly Seine Bièvre, sont à l’arrêt ou presque. Patronnes et patrons, résignés, tentent de surmonter les difficultés et de garder le moral.

Certains, classés dans les commerces indispensables comme les bars-tabacs, ont organisé leur accès pour que la clientèle se croise, en principe, le moins possible. Cependant, bon nombre de cafés-bars ont complètement ou partiellement descendu le rideau.

Plats ou cafés à emporter

« Fermé en novembre, décembre, janvier, février, mars… ça commence à être bon », lâche monsieur Bastos, patron du Braga au Plateau. Bien que propriétaire de ces murs où il habite, il fait face aux charges d’emploi de son épouse. En ce moment, il se serre un peu la ceinture, espérant que son comptable parviendra à décrocher une aide de l’État.
« J’aurais besoin de m’acheter des vêtements, par exemple, reconnaît-il. Pour conserver quelques maigres ressources, il propose très occasionnellement des plats à emporter. Bourguignon ou plat de morue, que les clients viennent chercher à l’extérieur. « Mettre une table à l’extérieur et y servir le café à la demande ? Je ne le veux pas, indique-t-il. J’ai 68 ans, je redoute la maladie, j’ai peur d’ouvrir le rideau et que les gens entrent. »

Au café Aux Ardoines, près de la gare RER et future ligne de métro, Yogeswaran Murugesu, le gérant, sert chaque jour depuis janvier plusieurs dizaines de clients, ici un café, là une pizza le midi. Sa vaste salle de restaurant a toute ses chaises remisées sur les tables depuis des mois. « J’ai décidé de rouvrir sous cette forme dès 6h le matin pour payer les factures. » Il accuse en 2020 une baisse de 60 % de chiffre d’affaires et a mis au chômage partiel son salarié. « Pour l’instant je ne prends pas de salaire pour moi et madame travaille au super marché », explique-t-il.
Il compte bénéficier d’une partie des 10 000 € du Fonds de solidarité. La reprise ? Il l’envisage en diversifiant le commerce, ouvrir une supérette à la place de la salle de restauration.

Au quartier Gare/Jean-Jaurès, Hakim Oudjane officie lui aussi devant une table, à l’entrée du Cyrano depuis novembre. « Pour éviter d’avoir le moral dans les chaussettes. » Il regrette d’avoir louper le coche de la livraison pour la partie restauration. Plus loin au Café de la gare, Ali Tepeli, responsable qui ne voulait plus « tourner en rond », sert au niveau du trottoir le café dans des gobelets en carton. Il a la chance de vivre encore chez ses parents et de bénéficier des soutiens de l’État, mais s’interroge néanmoins sur l’avenir.

« Le métier tiendra-t-il la route ? Les clients reviendront-ils ? »

Gwénaël le Morzellec

 

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