Fouilles archéologiques aux Ardoines

Publiée le 15 juin 2021 - Mise à jour le 17 juin 2021

© Sylvain Lefeuvre

Près de la Seine, aux Ardoines, des fouilles archéologiques confirment l’habitation en pointillé par l’humain pendant des millénaires du début du Néolithique jusqu’à l’époque médiévale. Ouverture exceptionnelle, lors des Journées européennes d’archéologie, les 19 et 20 juin, inscrivez-vous.

Sur 4,5 hectares s’affairent actuellement, sur prescription de l’État, 15 professionnels de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et du service Archéologique du conseil départemental du Val-de-Marne depuis septembre dernier. La taille de ces fouilles préventives, à proximité de la capitale, est tout à fait exceptionnelle. Elles s’ouvrent au public pendant les Journées européennes d’archéologie les 19 et 20 juin.

D’un geste délicat, Agathe, archéologue, extrait du limon clair une lame noire.

« Un silex taillé à la manière typique d’habitants du Néolithique, il y a 7 000 ans », commente immédiatement la spécialiste, Silvia Velardez, archéologue néolithicienne et lithicienne.

Dans ce couloir, de la Seine aux Ardoines, entre la large façade d’un immeuble de Balzac et les bâtiments de Sanofi, entre deux impressionnantes collines de terre décapées par les archéologues, on est sur une autre planète. Minérale, plate, jaune et ocre.

Déjà des agriculteurs au Néolithique

Sous des abris bienvenus contre le soleil, au sud de la parcelle où ils se concentrent maintenant, plusieurs stagiaires agenouillés grattent à la petite cuillère et à la truelle les alluvions déposées sur d’anciennes fosses. Utilisées pour construire sur place des habitations de terre et de bois, elles se sont de suite transformées en vide-ordures. Une mine pour les explorateurs de l’histoire de l’occupation humaine qui en extraient débris de vaisselle, restes de repas, coquillages et os d’animaux consommés. Tout près, un alignement de trous laisse imaginer un bâtiment de plusieurs dizaines de mètres de long où les premiers agriculteurs du Néolithique se sont installés.

Des indices de plusieurs époques

Dans un vaste rayon alentour, piquet, étiquettes pointées et traces de bombe de peinture fluo sur le sol indiquent les creusements à faire. Des indices de l’âge de bronze final, du second âge du fer ont été débusqués, des cheminements médiévaux, des pièces de monnaie et fragments de bijoux, un squelette dans un silo à grains qui a fini par servir de sépulture.

« Ici, à Vitry, on a trouvé l’unique double-enclos gaulois et gallo-romain complètement visible de la région parisienne, signale Aurélie Battistini, archéologue antiquisante. Ça a été la plus grande surprise. Repéré par les trous de poteaux et des marques d’anciennes fondations de pierre, on y trouve  les restes d’un système de bocages et de pâturages avec des cheminements d’échanges, soit, sans doute, un espace réservé à l’habitat, un autre pour les animaux, caractéristique avec son entrée en chicane, une basse-cour, un grenier et, éventuellement, un espace pour l’artisanat. On va pouvoir mieux documenter leur quotidien, comment ils vivaient. »

Ces installations gauloises se perpétuent durant l’Antiquité. 

50 000 ans d'alluvions pour étudier la Seine

D’autre part, une recherche sur le Paléolithique, en vogue depuis une dizaine d’années, est menée grâce à une première tranchée profonde.

« Elle dévoile ici des couches de limons, de sable, de graves qui se sont posés pendant 50 000 ans, s’exclame Maxime Aubier, archéologue responsable de l’opération pour l’INRAP, unique à une telle proximité de la capitale. Elle va donner un cadre chrono-sédimentaire très utile pour étudier les différences de régime du fleuve au cours du temps. »

Après un diagnostic entamé en 2017, puis un an de décapage et de recueil de fragments et d’observation de vestiges, les archéologues vont relever bientôt la tête et attendent beaucoup de l’étude à venir qui impliquera géologue, géomorphologue, céramologue, anthropologue si des squelettes sont retrouvés. Il faudra attendre deux ans, au moins, le rapport final.

Gwénaël le Morzellec

Samedi 19 juin et dimanche 20 juin : visites guidées par les archéologues
Réservation par mail ou par téléphone : 01 46 81 92 87 ou tourismeetprojets@mairie-vitry94.fr en communicant les informations suivantes : nom, prénom, numéro de téléphone, mail et créneau horaire auquel vous souhaitez vous inscrire.

 

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