Un potager dans la cité

Publiée le 08 octobre 2021 - Mise à jour le 14 octobre 2021

L’association Unis Mail a créé et entretient un potager dans la cité du Mail. Un projet qui permet aux enfants de se reconnecter avec la nature et aux habitants de partager du temps et du plaisir ensemble. Reportage.

Si on ne connaît pas l’adresse, impossible d’apercevoir le petit coin de nature qui pousse au milieu de la cité du Mail. Et pourtant, ce sont plus de 20 variétés, des pommes de terre à la menthe en passant par les patates douces, les choux fleurs et les framboises qui  s’épanouissent sous le soleil de Vitry grâce à une association née dans le quartier.

Adah Cisse, jeune maman, habitait ici lorsqu’elle a créé Unis Mail » il y a 10 ans avec des voisines dont Kouta Sidibe et Bintou Niakate. La structure associative a pour objectif d’apporter des temps de loisirs aux enfants. « A part jouer en bas, ils n’avaient pas vraiment d’horizons », déplore Adah. Très vite, des sorties s’organisent, des ateliers dans des salles de la ville pour faire des activités ensemble. Grâce aux bénévoles et une cotisation annuelle de 10 euros, Unis Mail fait de plus en plus d’heureux jusqu’à l’idée de créer ce potager. « On emmenait les enfants à la cueillette de Servigny et ils adoraient ça. On a alors pensé qu’un potager à nous créerait du lien et que le jardinage serait une bonne activité à faire ensemble, une façon aussi de sensibiliser les enfants aux questions liées à l’environnement  », poursuit-elle. Et les jeunes femmes ne se sont pas trompées.

Le potager qui a vu le jour grâce au soutien du département, de la Semise mais aussi de la ville, attire de plus en plus de familles qui s’arrêtent pour regarder, poser des questions, participer. Il a même remporté le prix SNCF « coup de cœur solidaire » en 2020.  Les trois jeunes femmes n’en reviennent toujours pas et parlent surtout des bénéfices concrets.

« Ca nous a sauvés pendant le confinement », se souvient Adah. Les enfants (une soixantaine en tout) participent à la cueillette régulièrement et peuvent goûter aux « vrais fruits et légumes » en les cuisinant directement. « On envoie un petit mot aux familles via les réseaux ou dans les boîtes aux lettres pour donner rendez-vous comme cette semaine pour les salades », raconte Adah. La seule difficulté consiste en l’entretien de ce carré vert.

« C’est énormément de boulot. Au début, quelques volontaires nous ont aidé mais on n’y connaissait rien ! Et passé les achats de matériel et de graines, il fallait entretenir ! » C’est là que celui que tout le monde nomme ici « Papa Cisse » entre en scène. Le retraité, devenu le jardinier volontaire du potager, raconte : « Mes parents étaient agriculteurs (au Mali). J’ai tout appris en les regardant et j’aime ça, ce rapport à la terre ». Adah, sa fille, reconnaissante et émue, commente : « Il passe tout son temps ici même quand il pleut ou qu’il a un problème de santé ! ». Papa Cisse acquiesce en faisant goûter ses raisins juteux.

« J’ai tout ce qu’il faut, un accès à l’eau, des outils, un bac à compost, je fais des essais, certaines choses poussent mieux que d’autres ! »
Autre obstacle qu’il a fallu surmonter : l’incompréhension de certains habitants qui se « servaient » directement sans comprendre que les récoltes devaient se partager équitablement. Mais l’association a bon espoir que ces quelques vols ne se reproduiront pas. Le potager devenant au fil des jours une fierté de plus en plus forte pour la cité du Mail et Papa Cisse un personnage respecté de tous. « Personne n’ose s’approcher de sa voiture », raconte encore Adah.

Preuve qu’au Mail, la valeur respect croît aussi vite que les graines dans la terre.

Katrin Acou-Bouaziz    

 

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