Pour l’avenir des cheminées EDF : l’élan est donné !

Au milieu des affiches graphiques et des photos d’archives de la centrale, ils ont discuté pendant plus de deux heures. Anciens ouvriers, habitants, syndicalistes ont fait le déplacement jusqu’à l’Oasis du Kilowatt pour échanger sur l’avenir des cheminées, dans le cadre de la réunion publique organisée à l'initiative de la municipalité et du collectif pour les cheminées.

"Madame la préfète a jusqu’au 3 novembre pour s’opposer à la demande de démolition d’EDF. À cette date, si elle ne s’y oppose pas formellement, cela vaudra accord tacite", a annoncé le maire en préambule.

Souvenirs partagés

Parmi les participants, Samia est venue du centre-ville "pour défendre l’âme de Vitry". "Pendant longtemps, je les regardais chaque matin en ouvrant ma fenêtre, ces deux cheminées, elles me rappellent toutes les personnes venues s’installer à Vitry pour y travailler".

D'anciens ouvriers ont répondu présents eux aussi. À tour de rôle, ils ont raconté les souvenirs, la solidarité professionnelle, la salle Marcel-Paul. Ils ont rendu hommage aux copains et aux compagnons morts de l’amiante.

"Parfois elles me font mal ces cheminées, mais je veux les conserver car elles sont la trace que notre ville est industrielle et qu’elle doit rester créatrice de possibilité, créatrice d’emplois et de développement", a témoigné Mireille. "EDF, c'est à nous ! s'est exclamé un participant, on y a travaillé pour fournir de l'électricité aux foyers, c'est notre service public".

"Avant la centrale thermique EDF, il y avait la centrale Arrighi à l’architecture très esthétique, a rappelé François. Malheureusement, elle a été détruite alors même qu’elle représentait un témoin formidable du développement industriel. Ce précédent ne peut pas se reproduire."

Premières idées fédératrices

Parce que cette mémoire ne peut pas disparaître en quelques explosions de dynamite, les participants ont émis des idées pour un contre-projet à soumettre à EDF.

"Pourquoi ne pas construire un musée de l’histoire industrielle ?" a proposé la Société d’histoire de Vitry.

 "La Seine-Saint-Denis a le Musée de l’air et de l’espace, Paris a la Cité des sciences, pourquoi Vitry et le Val-de-Marne ne se doteraient pas d’un musée de l’énergie, du travail et des transports ?" a interrogé un participant.

Au gré des propositions formulées, certains évoquent aussi la nécéssité de faire appel aux artistes dans le cadre de la politique du 1% culturel pour continuer à faire vivre l'art au cœur de la ville. 

Depuis la fermeture de la centrale en 2015, le site est occupé par le Kilowatt, association "génératrice de festivités".

"Depuis trois ans, entre 100 et 150 000 personnes sont venues au pied de ces cheminées faire la fête et découvrir une facette de la banlieue qu’ils ignoraient", a expliqué Aurélien Rozot, responsable du Kilowatt, qui défend un projet pluriel où cohabiteraient lieux de vie culturelle et activités industrielles, sources d’emploi et d’innovation. "Cela fait trois ans qu’on prouve que c'est possible en organisant des initiatives au milieu des chantiers et des grues !"

"Se renouveler sans effacer le passé"

Saluant la créativité des participants, le maire a insisté : "Vitry se transforme et elle doit se renouveler sans effacer le passé". 

La réflexion ne fait que débuter, mais, dans l’assemblée, on réclame déjà un autre rendez-vous pour continuer à construire un contre-projet, associer des partenaires, et même interpeller directement la préfecture. Au fil de la soirée, le collectif pour les cheminées a fait passer dans les rangs un carnet : chacun était invité à laisser un petit mot ainsi que ses coordonnées. "Les cheminées, c’est notre tour Eiffel, a écrit une habitante. Je veux continuer à voir des jeunes se promener au pied de ce témoin de l’histoire."

Prochain rassemblement : mercredi 20 octobre à 16h devant le Kilowatt. Plus d’informations à venir.

Voeu du conseil municipal
Considérant que les deux cheminées représentent un point remarquable, marqueur de l’identité industrielle et ouvrière de la ville, le maire, Pierre Bell-Lloch, a proposé un vœu d'urgence au conseil municipal lors de la séance du 13 octobre, adopté à la majorité.
"Nous avons pu constater à travers des pétitions et réunion publique la ferveur des Vitriots à vouloir défendre ces cheminées, déclarait le maire. Nous souhaitons que le conseil municipal de Vitry-sur-Seine réaffirme son attachement à son patrimoine industriel et sa volonté de le préserver pour en faire notamment un lieu de mémoire sociale en témoignage des milliers de travailleurs et travailleuses vitriots et val-de-marnais qui ont bati notre pays." Le vœu demande à madame la préfète d’annuler le permis de démolition à EDF pour permettre l’émergence d’un contre-projet.