Sophie Loubière au 2e festival du Roman noir et social

Sophie Loubière, voix de France Inter, connue pour ses dramatiques et ses chroniques, romancière auteur de « L’Enfant aux cailloux », se dit réjouie de rencontrer le public vitriot.

Qu’éprouvez-vous à écrire un roman noir ?

La sensation est toujours la même, j’écris avec mes tripes, avec mes émotions. Je m’identifie aux personnages, je m’appuie sur des faits réels imbriqués transformés afin de créer une fiction, mais réaliste. Les faits historiques et les faits divers vont structurer la narration et me permettre de croire moi-même à mon histoire.  

En quoi le genre est d’actualité ?

Le roman noir et social sera toujours d’actualité. C’est la voie la plus claire pour dire les choses. Il s’agit de se positionner du côté sombre, du côté des difficultés, par exemple celles des gilets jaunes qui en bavent au quotidien, plutôt que sur celles existentielles qui se posent dans de beaux appartements comme cela paraît dans les livres embourgeoisés, boboïsés ces dernières années. En France, on a une misère sociale qui s’exprime aussi bien dans les quartiers sensibles comme en Seine-Saint-Denis où j’habite, que dans des beaux quartiers. En bas, les habitants peuvent voir des gens qui dorment dans des cartons. Ce qui compte, c’est de puiser sincèrement dans ce qui se passe en bas de notre rue.

Qu’est ce qui vous inspire ?

Par exemple, mon dernier livre, « De cendres et de larmes », évoque de jeunes Chiites bosniaques enlevés, formés en bandes organisées qui effectuent des vols dans le métro. L’action se situe dans le cimetière de Bercy à Paris. J’ai rencontré le conservateur du cimetière, fait connaissance avec sa famille… Je prépare en général mon roman avec de la documentation, des vidéos, des témoignages, des rencontres.

Sur quels thèmes écrivez-vous actuellement ?

Sur le 3^e volet de ma trilogie américaine, « Bloody Coffee » qui sortira en mars 2023, sur un nouveau projet sur la femme de plus de 50 ans et un récit sur la dyslexie.

Pourquoi venir à Vitry, qu’attendez-vous de la rencontre avec le public ?

C’est un moment d’échange très précieux pour un romancier ou une romancière : est-ce qu’on est dans l’air du temps ? A-t-on eu raison de se lancer dans ce métier si difficile et solitaire ? C’est une très forte émotion quand il y a des retours émouvants, quand une personne a été touchée par le sujet. Pour moi, c’est une première à Vitry. Je connais les organisateurs, je viens donc par amitié et par fidélité aussi à tous ces auteurs que je côtoie depuis plus de 20 ans. Je me reconnais dans cette grande famille du roman, voire roman noire et thriller psy.

Gwenaël le Morellec

Programme du festival du Roman noir et social