A Vitry, la littérature crée le lien
Publiée le 22 mars 2022 - Mise à jour le 25 mars 2022

Le 18 mars, dans le cadre de la manifestation nationale, « Le printemps des poètes », le café librairie-concert-épicerie La Cyanopsitta organisait avec l'association des ami.e.s de la voisine et le Centre culturel de Vitry un événement festif.
Dès 16H30 et jusque tard dans la soirée, alternaient temps de goûter, fresque artistique collaborative avec Marion Chombart de Lauwe, et performances littéraires notamment avec la comédienne et performeuse Catherine Froment. Petits et grands se pressaient dans un va et vient de famille et d'amis, un public attentif à la scène littéraire vitriote, à travers la présentation de petites maisons d'éditions et d'auteurs liés au territoire.
Ainsi de PSSST éditions, structure 100 % locale, qui en 1 an, affiche déjà deux titres de poésie à son catalogue. Le premier, signé Ben Coudert, un recueil de haïkus illustrés avec finesse et sensibilité par Aude d'Ortho, déroule le temps suspendu du premier confinement non sans malice et causticité, le second, écrit et illustré par Rémi Bouffort, en poèmes d'amour et de fantasmagorie « loin de la sophistication poétique, dans une forme d'anti-poésie » souligne Ben Coudert.
A leur côté les éditions Pigmentées, nées de la rencontre de deux artistes au Crapo, proposaient un catalogue d'ouvrages entre poésie, littérature jeunesse, et livre engagé. Tandis qu'Alexandrine Lang, plasticienne vitriote, peignait le portrait sur de grandes pages de poésie à ceux qui le souhaitaient, Angela Magnatta, plasticienne et affichiste, présentait les ouvrages, dont le passionnant Semeuses de lumières, 35 portraits de femme qu'elle a illustré dans un style affichiste.
L'auteure Katrin Acou Bouaziz y présentait aussi son recueil de nouvelles paru en mars aux éditions Infimes. « J'écris, je relis et je vends ! » s'amusait-elle, soulignant le travail d'écrivaine, qui doit aussi savoir accompagnée son livre directement auprès du public. Attablée à la terrasse, Alexandra témoignait « Je fais de la danse avec Katrin, mais c'est en lisant le mensuel de Vitry que j'ai découvert qu'elle écrivait » « et moi, poursuivait son amie Céline, je l'ai accompagnée parce que je ne connaissais pas la Cyanopsitta ».
C'est d'ailleurs par une amie vitriote musicienne que Marius Loris Rodioff, historien poète et performeur, a été convié à la manifestation. Son ouvrage paru aux presses du réel Procès verbaux, sous titré « la justice en temps de guerre d'un tribunal militaire en Algérie entre 1954 et 1963 », un collage dans la lignée des poètes objectivistes, de 13 textes légèrement « fictionnalisés », souligne, entres autres, le pouvoir des mots, l'accusé étant obligé de s'exprimer dans le langage de celui qui le domine quand bien même il n'en détient pas les codes, et rend compte de la volonté de protection de l'institution militaire par sa justice..
A noter, l'absence sur les étals, de Rêves de Savane de Bertrand Alberge, l'album jeunesse en 8 langues des éditions Rhizomix, mis en page par Aude d'Ortho qui en expliquait la défection par une réjouissante nouvelle « le premier tirage est épuisée, nous allons bientôt recevoir la réimpression ! ».
Si la lecture est solitaire, le livre, lui, permet bien des rencontres...
Sylvaine Jéminet