Enfants sans enseignant : les parents se mobilisent

Publiée le 25 avril 2022 - Mise à jour le 26 avril 2022

© Katrin Acou Bouaziz

Depuis début avril, face au manque de remplacement des enseignants, les parents d’élèves se mobilisent pour faire entendre leur ras-le-bol. Ce jeudi 21 avril, ils ont occupé les bureaux de direction de plusieurs écoles de Vitry.

« On a besoin de faire entendre nos voix. Nos enfants sont lésés, le personnel éducatif est laissé pour compte et nous, parents, sommes asphyxiés… » confie Myriam Saïdi, représentante des parents d’élèves de l’école Makarenko. Jeudi 21 avril, ceux-ci ont occupé le bureau de la directrice pour protester contre le manque de remplacement des professeurs à Vitry. La même action se déroulait en simultané aux écoles Montesquieu, Jean-Jaurès et Anatole-France.

Au début du mois, l’école Paul-Langevin avait aussi fait l’objet d’une occupation… Interrompue par les forces de l’ordre sur demande de l’Éducation nationale. Une réponse « inadmissible » selon les parents, pour lesquels le rectorat ne mesure pas l’ampleur du problème. Issam Ferchouli, de l’AAPE du groupe scolaire Joliot-Curie déplore :

« On n’a aucun interlocuteur crédible, seulement un manque de considération. Leur seule réponse, c'est la répression. »

Depuis 2020, la crise sanitaire bouscule le quotidien. Mais pour Myriam, ce motif « sert encore et encore d’argument… Le covid a juste mis en évidence les problèmes qui n’étaient pas à la surface ».

Une différence de traitement à Vitry ?

Cette absence de professeurs impacte d’abord les enfants. « Ma fille en CE1 a regardé deux films en une journée parce que son instit' n'était pas là... » explique Maud, sur le parvis de l’école Montesquieu où une quarantaine de personnes sont présentes.

Laurent Barbier, le directeur, estime que cette carence en remplaçants s’explique par « une absence de recrutement » et les contractuels sont si peu nombreux qu’ils ont la possibilité d’exprimer leurs préférences, ce qui n’était pas le cas avant. Et Vitry n’apparaît pas en haut du tableau…

Les parents ont donc le sentiment qu’une grande différence de traitement s’opère entre les territoires.

« Dans certaines villes, ils n’ont pas de problème de remplacement. Des remplaçants pour certains et pas pour d'autres ? Ce n’est pas normal.», alerte Madame Rouag, maman d’élève à Makarenko.

Du mécontentement à la colère

Le mécontentement des parents s’est transformé en colère. Le suicide d’une directrice d’école maternelle à Pantin (93), en septembre 2019, est encore dans toutes les têtes.

« On soutient les équipes, elles sont à bout de souffle. La prof de ma fille avait peur de partir en congé maternité par peur de ne pas être remplacée », explique Myriam Saïdi.

Alors, puisque le ras-le-bol est collectif, un collectif s’est créé via un groupe WhatsApp « Parents Vitry », dans le but d’informer et de mobiliser le plus grand nombre. Une initiative inédite.

Soutien de la municipalité

« Je comprends le désespoir des parents d’élèves qui s’organisent dans le plus grand apaisement pour essayer d’obtenir les moyens nécessaires, déclare Isabelle Ougier, adjointe au maire en charge des Dynamiques familiales. Nous avons alerté plusieurs fois l’inspection académique et le ministère, nous continuerons à les interpeller et à soutenir les parents dans ce combat légitime. »

Deux semaines auparavant, le maire, Pierre Bell-Lloch, avait déjà adressé un courrier à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Le combat continue.

« On n'est pas près de s'arrêter, ça prendra plusieurs mois, voire années, s’il le faut, lance Issam Ferchouli. On en a marre. »

Clément Aulnette

 

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