Charlie et la fabrique d’art contemporain

Charlie Malgat, invitée par Karina Bisch et Nicolas Chardon dans le cadre de leur exposition « Modern Lovers », a proposé aux enfants de revisiter formes et matériaux mous et souples pour monter leur propres personnages.

Sur le parvis arrière du Mac Val, c’est l’effervescence. Une dizaine d’enfants s’affaire sur les dalles, couvertes d’un film de protection pour l’occasion, à fignoler et à peindre des sculptures pensées et réalisées par leurs soins. Un véritable chantier.

Sarah, 11 ans, énumère les matières qu’elle a utilisées pour construire son monstre à tentacules : “Carton, filet de fer, mousse et du caoutchouc, mais pas cuit, donc on ne peut le toucher qu'avec des gants ! On se sert comme on veut dans les cartons et, avec l'aide de Charlie, on monte nos personnages”.

Charlie, c’est Charlie Malgat, artiste sculptrice et réalisatrice. Elle mène l’atelier accompagnée de Jade et Valentine qui travaillent au musée. “On ne nous apprend pas à penser avec nos mains, explique-t-elle. C'est ce que j'ai envie de leur apporter, leur montrer qu'on est capables de produire des choses plus grandes que nous.”

Des matériaux recyclés

Avec Thibault Capéran, chargé de programmation culturelle au Mac Val, elle a pu visiter, fin mars, le Laboratoire de recherches et de contrôle du caoutchouc et des plastiques, basé à Vitry. Une manière de découvrir le travail du centre et de récupérer du latex.

“Je cherche généralement les entreprises autour de moi, et les matières molles qui y sont produites, comme la mousse de matelas produite par les usines. Ou chez Carglass, c’est mon grand classique !” s’amuse Charlie.

Une manière de faire du neuf avec du vieux. C’est donc en plus une leçon d’écologie pour les enfants qui emploient ces matériaux de récupération dans leurs sculptures.

Inventivité et originalité

La salle d’atelier fait office de chambre froide, dont le sens dessus dessous témoigne d’une forte stimulation artistique. Y sont stockés les matériaux, les bombes de peinture et les créations papier des enfants, qui ont d’abord travaillé sur dessin avant de se mettre à la tâche. Et le résultat est fidèle à ce qu’ils avaient imaginé au préalable.

Pour “développer leurs imaginaires”, Charlie Malgat leur a d’abord fait visiter l’exposition, à la recherche de sources d’inspiration. “Et le matin, des vidéos d'artistes pour voir des choses qu'ils ne verraient pas ailleurs”, ajoute-t-elle. Parmi les créations, se trouvent des génies d’inventivité : la “mi-chose mi-oiseau” de Margot, 8 ans, ou le “robot avec des dents vertes” réalisé par deux frères, Ismaël et Adam, qui n’étaient là qu’un seul jour.

Mais il est 15 h 30, et c’est l’heure du rangement… et ça fait partie intégrante de l'atelier !

Clément Aulnette