Cuisine collective Espoir

Publiée le 03 novembre 2022 - Mise à jour le 10 novembre 2022

©2022 Denis Meyer

Voici un an ouvrait à Vitry, dans une ancienne loge de gardien d’une résidence HLM, un tiers-lieu permettant aux familles hébergées en hôtel social de cuisiner, se détendre, jouer, obtenir un accompagnement social. Bref, améliorer leur quotidien. Visite dans cet espace original géré par l’association Espoir-CFDJ.

La Maison de l'Espoir à Vitry, au rez-de-chaussée de la résidence Valdevy avenue Henri-Barbusse, avec sa cuisine collective et son coin jeu et discussion, accueille depuis un an, sur rendez-vous, les familles de la région hébergées à l'hôtel et suivies par des travailleurs sociaux.

67 familles accueillies

Dans l’ancienne loge de gardien transformée en tiers-lieu, se sont 67 ménages, 187 adultes et enfants, qui posent régulièrement leur sac de provisions et leur poussette depuis l’ouverture de ce havre, le 15 novembre 2021.

Ce mercredi, 4 enfants s’amusent dans un décor coloré autour de tables garnis de gâteaux et boissons, aux côtés d’une travailleuse sociale assistée d’une jeune stagiaire. La plus grande des fillettes prépare une galette imaginaire avec soin, annonçant aux plus jeunes « la galette sera partagée », tandis que, au fond de la pièce, près des jouets et de la minibibliothèque, le plus petit s’est endormi dans un couffin.

Thiep et riz viande

À côté, comme d’habitude ce jour de la semaine, leur mère Makemin, 28 ans, et une autre jeune maman, Kadidja, 29 ans, s’activent dans la cuisine fonctionnelle et bien équipée. Près du piano de cuisson, la première épluche les bananes plantain et épice les poissons qu’elle a rapportés pour un thiep (recette d'Afrique de l'ouest), la seconde fait grésiller une sauce au poulet qui accompagnera son riz.

« D’habitude, nous sommes quatre », observent-elles. Makemin apprécie le lieu : « Venir ici permet aux enfants de jouer, d’échanger avec d’autres, et puis c’est moins cher que d’acheter de la nourriture toute faite. Parce qu’à l’hôtel social de Villejuif, il n’y a pas de cuisine et les chambres sont trop petites pour jouer. »

Kadidja, sans papiers, qui fréquente le lieu aussi pour les paniers de la banque alimentaire, acquiesce et explique les dures conditions de vie en hôtel social, à Ivry.

« Ni douche, ni toilettes individuelles, pas de frigo pour conserver la nourriture, énumère-t-elle, avant d’expliquer pourquoi elle aime venir ici. On voit d’autres têtes, et les enfants sont heureux, le mercredi, ils savent qu’ils mangeront des frites. Être sans titre de séjour, c’est être mécontent de ne pas rendre nos enfants contents : on ne peut pas leur acheter ce qu’ils souhaitent. »

Moins de précarité alimentaire et plus d’accompagnement social

Ce lieu, qui s'adresse aux personnes hébergées à l'hôtel orientées par des instances sociales, a vu le jour alors que la crise sanitaire isolait encore plus les personnes précarisées. « Il vise à les faire sortir de la précarité alimentaire, détecter d’autres besoins de santé, vestimentaires, administratifs, en matière d'emploi, de droits pour les étrangers, d'activités culturelles, il permet de rompre avec l’isolement », explique Leila Boui, travailleuse sociale à la Maison de l’Espoir à Vitry, qui estime que la réussite se manifeste, au bout d’un an, par la régularité des visites des familles.

Financé pendant deux ans par l’État, en particulier la direction régionale et interdépartementale de l’Hébergement et du logement, le projet lauréat, déposé par l'association Espoir-CFDJ, a pu se déployer après des travaux d’aménagement, avec le soutien du bailleur Valdevy et de la ville de Vitry.

« Nous avions repéré cette précarité alimentaire », explique Oumelkhir Charif, responsable du tiers-lieu d’Espoir-CFDJ, association historiquement active pour la protection de l’enfance. « Nous avons ciblé et répondu à ce besoin en ajoutant l’accompagnement social, poursuit Oumelkhir Charif, de retour de la banque alimentaire d’Arcueil, les bras chargés de cagettes de légumes et de fruits. Et Vitry nous a semblé être le meilleur endroit, avec ses réseaux associatifs, l’ouverture des bailleurs, la réceptivité des services municipaux et son soutien. »

Des autocars de la ville ont été mis à disposition pour 2 sorties à la mer. Et, occasionnellement, des tickets de cinéma sont offerts.

Pérénité ?

La responsable de la Maison d’Espoir de Vitry souhaite répondre aux besoins à plus long terme. Outre la cuisine partagée, l’atelier socio-esthétique et les séances de sophrologie, elle imagine des sessions informatique, lecture et conte, français-langues étrangères. Elle lance aussi un appel aux bonnes volontés bénévoles.

Gwénaël le Morzellec

 

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