José Nieto, le plaisir du partage

Publiée le 12 décembre 2022 - Mise à jour le 13 décembre 2022

Partout où il passe, il sème plantes et fleurs sur les trottoirs et au pied des arbres. Installé à Vitry depuis vingt-six ans, José Nieto, 63 ans, s’est imposé comme une figure de son quartier, le Port-à-l’Anglais, où il ne rate jamais une occasion de s’investir. L’été dernier, il a réparé seul le clocher de l’église.

Une balade à ses côtés dans le quartier suffit à prendre la mesure du personnage : voisins, amis, commerçants du coin défilent le saluer. Ici, au Port-à-l’Anglais, tout le monde le connaît. José Nieto a attiré l’attention de tous en réparant seul, l’été dernier, le clocher de l’église Saint-Marcel.

Pierrette, 93 ans, qui a passé sa vie dans le quartier, l’atteste : la dernière fois qu’elle avait entendu le clocher résonner, c’était en 1937, elle avait 8 ans. “J’ai aussi restauré la statue de Saint-Marcel qui avait noirci”, affirme José, fier d’avoir donné le sourire à sa voisine nonagénaire.  Désormais, tous les dimanches matin, il s’astreint à faire sonner le clocher lui-même à trois reprises, “quitte à reporter les rendez-vous prévus”.

Collectionneur de premiers prix

Les activités ne manquent pas dans le quotidien de ce retraité d’origine espagnole, installé à Vitry depuis 1996, dans une petite maison près de la gare qui ne passe pas inaperçue elle non plus. “À chaque événement, je fais des décos”, lance celui qui collectionne chaque année les premiers prix des concours organisés par la ville. Il est aussi le premier Vitriot à avoir reçu le passeport végétal en 2019. “J’étais même précurseur en la matière”, précise José. À travers le quartier, il plante des fleurs, puis appose ses écriteaux blancs sur lesquels il inscrit au feutre noir le nom des espèces, accompagné de messages de sensibilisation. Cette fois, au pied d’une belle de nuit, sa fleur préférée, il inscrit : “fleurs à admirer, fleurs à respecter”.

Après avoir parcouru la Terre durant quarante deux ans comme reporter, couvert des terrains de guerre en Bosnie ou en Algérie dans les années quatre-vingt-dix pour France Télévisions, il dit avoir acquis une sorte de “philosophie de vie”. Elle repose sur l’esprit d’initiative et l’amour des choses simples.

Son enfance précaire, mais joyeuse, à Séville et dans les quartiers populaires de Paris, y est aussi pour quelque chose. Elle lui a donné le goût de la récupération, le rejet du gaspillage. Dans son impressionnant jardin qu’on devine à peine entré, José et son épouse, Gabrielle, cultivent légumes, plantes et herbes aromatiques en tout genre. Crapauds et grenouilles peuplent le coin d’eau aménagé, le toit sert à accueillir un rucher. Au summum de leur activité, ses abeilles produisaient 100 kilos de miel par an… “Mais ça, c’était avant l’arrivée des frelons asiatiques”, regrette José, qui déploie toute son inventivité pour piéger les prédateurs.

L’Espagne, elle, n’est jamais loin : chaque été, José ramène plantes et herbes cultivées dans ses terrains d’Andalousie. Dernière arrivée : le loofah qui sert à fabriquer des éponges naturelles. “On verra si, sans soleil, elle pousse aussi bien !”

Lors des fêtes de quartier, il transporte des échantillons de cet univers verdoyant et anime un stand de découverte. De ces événements, il garde précieusement photos et articles. Toujours présent pour rendre un service et prêter main forte, son hyperactivité et son trop plein d’énergie dérangent parfois, il le sait. “Certains se moquent, disent que je joue le shérif, ils me trouvent étrange, mais ça me passe au-dessus !” confie José. Peu importe le qu’en-dira-t-on, il n’est pas près de s’arrêter de sitôt : José a rejoint la Société d’histoire de Vitry et songe à de nouveaux projets

Portrait réalisé par Majda Abdellah

 

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