Les époux Manouchian : des vies de lutte célébrées à Vitry
Publiée le 22 février 2024 - Mise à jour le 23 février 2024

Mercredi 21 février, Missak et Mélinée Manouchian sont entrés au Panthéon. 80 ans, jour pour jour, après l’exécution de Missak, avec 22 autres résistants membres du groupe Manouchian, au Mont-Valérien, la ville leur rend un vibrant hommage, ce matin du 21 février 2024.
L’hommage de Vitry-sur-Seine
À l’angle de l’avenue Manouchian et de la rue Jean-Pierre Timbaud, une stèle. Celle des cheminots fusillés. Autour d’elle, Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry, Laurence Jeanne, Conseillère municipale déléguée aux anciens combattants et au devoir de mémoire, des élus locaux, des représentants syndicaux, des passants.
Aujourd’hui, les époux Manouchian, résistants communistes, entrent au Panthéon. Alors ce 21 février, on se rassemble pour célébrer la mémoire de tous les résistants étrangers morts pour la France.
« On honore les résistants, les fusillés, les nombreux émigrés. Tous ceux qui ont donné leur vie pour leur idéal de liberté », déclare Pierre Bell-Lloch.
De l’Arménie à la France
Missak et Mélinée Manouchian, résistants communistes arméniens, portent les blessures de ceux qui ont dû fuir leur pays. Ils ont vécu leur enfance dans le souvenir du massacre de 200.000 Arméniens entre 1894 et 1896.
Quand Missak arrive en France en 1925, il demande deux fois, en vain, sa naturalisation pour s’engager dans l’armée.
Il intègre le parti communiste puis est nommé responsable de la section arménienne de la main-d'œuvre immigrée, sous le pseudonyme de Georges. Il est choisi pour intégrer les francs-tireurs et partisans, en février 1943.
À partir de l'été 1943, le groupe FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d'Œuvre Immigrée), composé de travailleurs immigrés et lié au Parti communiste, se lance dans la lutte armée contre l'occupant.
Il est jugé et exécuté, après « un procès spectacle ». Le groupe Mamouchian, était considéré comme une « armée du crime » par la propagande allemande, que l’affiche, dite « l’affiche rouge » placardée sur les murs de Paris prétendait dénoncer.
Avant de se faire fusiller, Missak écrit à son épouse : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants sauront honorer notre mémoire dignement. »
Un devoir de mémoire
À Vitry, célébrer la mémoire de Missak Manouchian, c’est aussi rendre hommage à deux Vitriots, résistants membres du groupe FTP-MOI. Georges Cloarec, 28 ans. Torturé, puis fusillé. Roger Rouxel, 18 ans, dit Léon. Mécanicien à Ivry. Fusillé, à son tour.
À l’heure où le projet de loi asile et immigration marque un recul historique de la France, une chose est sûre : nous devons, plus que jamais, protéger les valeurs d’accueil et de solidarité qui constituent la France.
Après le dépôt des fleurs, une minute de silence. À leur mémoire, à leur combat perpétuel. À tous ceux qui ont assez aimé la France au point de tomber pour elle.
Nina Senoyer
Dans le cadre de l'hommage aux résistants membres du groupe Manouchian, venez découvrir l'exposition itinérante consacrée à Missak Manouchian, prêtée par le Musée National de la Résistance, sur le parvis de l'hôtel de ville.