Éducation : la colère monte

Publiée le 09 avril 2024 - Mise à jour le 09 avril 2024

© Julian Renard

Ce printemps, parents et profs s’unissent pour exprimer leur ras-le-bol face aux faiblesses du système éducatif. Retour sur les dernières actions menées dans la ville.

« En rentrant le soir de l’école, mon fils est démotivé pour le lendemain. Il s’ennuie toute la journée. Il a subi plus de 6 semaines de CE2 sans remplacement d’affilée, 12 sur toute l’année », explique Marine, maman de Zachary, venue ce mardi 2 avril manifester sa colère devant l’école Montesquieu. Comme elle, une cinquantaine de parents et une poignée d’enfants brandissent banderoles et tapent sur des casseroles pour réclamer des instits, encore et toujours.

Triste point commun entre tous les quartiers de Vitry puisque les écoles Paul-Langevin, Makarenko B et Marcel-Cachin sont aussi impactées depuis le début de l’année par un manque criant d’enseignants et une colère des parents qui gronde.

Tous ces parents refusent de laisser leurs enfants sans possibilité de travailler, ballotés au fond d’une classe à une autre.

« On lui met des livres, des trucs à faire dans le cartable et il joue avec les copains mais ça ne suffit pas. On est très inquiets car cela fait la troisième année que Martin vit cette situation. On lui paye des cours du soir pour combler les lacunes. Cette année, il n’a même pas eu droit à une photo de classe. C’est plus qu’un problème de retard dans les apprentissages. Il n’a pas une vie scolaire normale, un sentiment d’appartenance à un groupe », confie Peggy, la maman de Martin.

105 journées non remplacées

A l’école Jean-Moulin, les parents ont affiché en grand devant l’entrée le nombre de jours / d’heures sans professeur (105 journées non remplacées depuis le début de l’année) et ont occupé le bureau de la directrice en maternelle.

Depuis des semaines, les parents écrivent, téléphonent, se rendent à l’inspection pour dire leur inquiétude face à ce manque de profs, ces élèves qui « sortent des radars », des remplacements au compte-goutte. L’inspection a par exemple trouvé comme solution à Jean-Moulin de partager une maîtresse en deux : elle fait cours deux jours chez les petits et les deux autres chez les moyens.

« Une solution temporaire vient d’être trouvée pour une semaine ici à Montesquieu. Mais ce n’est pas suffisant. En tant que ville, on ne peut pas pallier ce manque. Les enfants n’ont pas besoin d’animateurs mais de professeurs », complète le maire Pierre Bell-Loch venu soutenir la mobilisation.

« C’est la catastrophe sur Vitry, tous les jours, je reçois des appels de parents qui s’indignent du manque de remplaçants », explique Nageate Belahcen, co-présidente de la FCPE.

« Les parents ressentent une grande injustice. C’est comme si leurs enfants n’étaient pas considérés », commente Isabelle Ougier, élue à l’Éducation, qui multiplie les courriers à l’inspection pour faire bouger les lignes.

Mais le peu de candidats rend le système de l’offre et de la demande déséquilibré. Les enseignants vacataires répondent plus volontiers présents dans d’autres communes du Val-de-Marne… « A Orly, Villejuif et Ivry, la situation est aussi de plus en plus tendue », reprend Mme Ougier.

Un système à deux vitesses

Un système à deux vitesses que les participants de la réunion publique à la salle Robespierre ont bien explicité aux parents venus chercher des infos jeudi 28 mars. « Le système des évaluations que le gouvernement a imposé aux écoles est le point de départ des inégalités. Une façon déguisée de repérer les établissements à qui on donnera plus de moyens.

A ce manque de profs, à ces évaluations qui classent les établissements, les organisateurs de la réunion ont ajouté leur inquiétude face à la réforme du collège en cours intitulée « choc des savoirs » (groupes de niveaux, réforme du brevet) qui cache à peine une volonté de trier les enfants dès 12-13 ans dans des voies professionnelles qu’ils n’ont pas choisies. « Un élève qui sera dans le groupe des faibles se dira qu’il est nul et qu’il ne pourra pas en sortir », affirment les enseignants de collège et lycée qui dénoncent tous un système impossible à mettre en place et délétère pour faire progresser les enfants.

Sans oublier les manques d’AESH, d’infirmières scolaires, l’insalubrité des établissements… Aujourd’hui, le collège Jean-Perrin avait organisé une opération « collège mort ».
Pour tenter de sauver le navire qui prend l’eau de toutes parts, la réunion s’est terminée par une série d’actions que les parents peuvent soutenir : grève reconductible dès le 22 avril, boycott des examens et des évaluations, pression sur les instances par mail ou par téléphone….

« Les enseignants sont usés. La seule façon d’améliorer le climat, c’est de motiver les jeunes à devenir enseignant en revalorisant le métier », conclut Isabelle Ougier.

Katrin Acou-Bouaziz

 

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