Conférence sur l’égalité dans le sport
Publiée le 05 juin 2024 - Mise à jour le 10 juin 2024
La conférence sur l’égalité dans le sport au programme des Fêtes du lilas le 25 mai a rassemblé un public attentif. Points de vue croisés de Maeva Durand, conseillère en charge des Luttes contre les discriminations, Kereine Mayele-Efodo, rugbywoman, et Maud Corso, présidente de l’OMS.
Les Fêtes du lilas ont offert au public intéressé une conférence opportune en ces temps de JOP sur le thème « Viser l’égalité dans le sport », suivie par un public réactif. Samedi 25 mai, sur le stand de la ville au parc Joliot-Curie, la journaliste spécialisée Cléo Hénin, aux manettes des échanges, a rappelé, en guise d’introduction, quelques chiffres édifiants du sport en France.
Les femmes dans le sport comptent pour :
- 36 % des compétiteurs,
- 15 %des journalistes sportifs,
- 5 % du temps d’antenne accordés à la TV,
- une femme en tête d'une fédération sportive sur 36 fédérations existantes.
Pourquoi est-ce plus compliqué pour les femmes ? Comment améliorer la découverte des pratiques ? Les valeurs du sport sont-elles méconnues ? Quels modèles donne la télé ? Les Jeux olympiques cachent-ils un problème structurel et laisseront-ils un héritage ?
Autour de ces questions, Maeva Durand, conseillère municipale déléguée à la Lutte contre les discriminations, Kereine Mayele-Efodo, rugbywoman enfant de Balzac maintenant à l’académie du Stade français, et Maud Corso, présidente à l’Office municipal des sports et entraîneuse de football, ont livré leurs avis et expériences.
Sur les difficultés rencontrées
"Ça a été très très difficile de m’inscrire à un club, parce que la pratique était le soir, explique Kereine Mayele-Efodo. C’est grâce à la section rugby de mon collège à Jules-Vallès que j’ai pu pratiquer et aller – en cachette de mes parents – m’entraîner davantage. Puis à 15 ans, pour jouer en féminin, j’aurais dû aller très loin, j’ai trouvé une place sport-étude à Sucy-en-Brie. Un an de grands trajets quotidiens et de pression énorme. Maintenant, à l’académie du Stade français, je suis très bien accompagnée tout en poursuivant mes études en général."
"Pour favoriser le sport chez les filles ? Il faudrait des journées découverte pour les filles, que les parents pensent à leur fille et que le sport peut être un moyen pour elle de s’émanciper et d’accéder à autre chose", continue Kereine.
Maud Corso insiste : "Il faudrait tendre vers un service public du sport. Au début, l’engagement bénévole dans les clubs, l’accès gratuit aux équipements permet déjà un coût bas de pratique. Et pour améliorer la pratique sportive féminine de haut niveau, faire bouger la société, il existe plusieurs moyens : professionnaliser la pratique chez les filles, institutionnaliser la visibilité médiatique pour corriger le pouvoir de l’argent".
Sur l'invisibilité télévisuelle
"Le financement du sport dépend de la diffusion télévisuelle : on n’y voit pas de femmes, alors leur pratique n’est pas financée et donc on ne les voit pas à la télé… souligne Maeva Durand. C’est un cercle vicieux. Il faudrait également mettre à contribution les entreprises qui réalisent de super profits."
Kereine Mayele-Efodo rappelle quant à elle : "Il y a des années, je me souviens lorsque j’ai vu un crunch France-Angleterre, c’était vraiment difficile de s’identifier. Heureusement, maintenant le Tournoi des six nations féminin est diffusé".
"Les JO ? Ils portent une vision, mais il faudrait rendre plus visibles les sports méconnus, anticiper via l’État et les fédérations l’afflux d’adhérents à venir, estime Maud Corso. Malheureusement pour l’héritage des JO, la visée s’arrête à quelques mois, elle n’a pas été pensée sur le moyen et le long terme. Déjà, les équipements manquent, il suffit de voir les listes d’attente dans les clubs…"
"Les Jeux olympiques donnent une vision du sport. Je partage celle du sport populaire mais pas celle très cadrée par l’argent. Il suffit de voir le prix des places pour assister aux JO, les étudiants obligés de quitter leur résidence en Crous pour l’accueil des visiteurs et les conditions dégradées des travailleurs parfois sans papiers qui construisent les infrastructures. On est très éloignés du modèle populaire…" précise Maeva Durand.
Sur les valeurs du sport
"Je constate que le rugby m’a permis de m’épanouir, de développer mon mental, de me renforcer", témoigne Kereine Mayele-Efodo.
Pour Maud Corso : "Il permet à tous de s’accomplir, femmes, hommes, personnes handicapés, au haut niveau international comme en loisir. De plus, il favorise par la formation des jeunes encadrants dans les clubs une montée en compétence qui permet de se construire en tant qu’individu".
"Malgré nos 39 équipements sportifs et la gratuité qui vise la démocratisation, la ville, comme les autres collectivités, reste sous-dotée. Or le sport pour tous est un droit fondamental. Lui faire plus de place est un combat de classe et un combat de genre qui se rejoignent", conclue Maeva Durand.
Propos rapportés par Gwénaël le Morzellec
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