Comme tous les matins, les agents de la brigade propreté, créée en 2018 au sein du service municipal de l’Environnement, patrouillent dans Vitry. Et ce matin du vendredi 8 mars, ils prennent d’abord la direction de la zone industrielle pour vérifier l’état de la rue Tortue. La veille, “l’équivalent de 400€ de tonnage de déchets ont été retirés”, indique Laurent Schmidt, agent de la brigade. Sauf que, rebelote, des tas de gravats sont à nouveau disséminés un peu partout. Bien souvent, dans cette zone, “les dépôts sont le fait d’industriels et d’artisans qui ne veulent pas payer la déchèterie”, savent les agents, las. Mais pas seulement.

Un peu plus loin, rue Léon-Geffroy, quelques bouteilles, bidons, jeux d’en- fants, chaussures, cartons… Des objets du quotidien laissés là, derrière un camion. “C’est souvent la nuit que des gens déposent leurs saletés”, grincent des promeneurs. Nuisances olfactives et visuelles, pollution, cadre de vie dégradé, présence accrue d’espèces nuisibles… Ces “saletés” ont un coût pour la santé physique et mentale des habitants (qui peuvent les signaler sur l’application Vitry, ma rue), pour l’environnement et pour le budget de la ville.

La quantité ramassée par les agents de la propreté à Vitry s’élevait ainsi, en 2023, à 3 100 tonnes, soit l’équivalent, en poids, d’une vingtaine de baleines bleues. “Notre rôle, c’est de déceler des indices pour trouver les responsables, expose Éric Deloizy, de la brigade propreté. Si on en trouve ou si on en prend en flagrant délit, on fait un procès-verbal qu’on envoie au procureur en précisant l’infraction. Et c’est lui qui décide de l’amende.” La brigade fait ensuite remonter les emplacements de ces amoncellements au service municipal Entretien-exploitation.

Composé d’une quarantaine de cantonniers répartis sur plusieurs secteurs de la ville, avec un chef d’équipe par secteur, le service Entretien-exploitation a pour mission d’entretenir la voirie et de rendre la ville plus propre au quotidien. Les agents procèdent par balayage manuel ou à l’aide de véhicules techniques : balayeuses, arroseuses, benne compactrice, aspirateurs industriels... Une équipe de choc, encore renforcée par des entreprises prestataires sur plusieurs secteurs, mais parfois découragée par l’attitude négligente de certains habitants. “Les incivilités, pour certains, c’est une habitude. Les gens disent parfois qu’ils paient leurs impôts, et que c’est à nous de ramasser pour eux. C’est de l’individualisme”, regrette Réda, chef d’équipe du secteur nord-ouest.

D’autant que l’activité peut très vite s’intensifier selon les phénomènes climatiques. “Le gros de l’activité est en automne, avec la chute des feuilles, qui peuvent boucher les égouts ou poser des problèmes de sécurité”, explique Nicolas Harscouët, le responsable du service. “Sans oublier les opérations de déneigement ou salage pendant l’hiver !” ajoute Éric, cantonnier conducteur de véhicule. Au nettoyage classique, qui incombe à la municipalité, s’ajoute aussi l’enlèvement des dépôts sauvages pour le compte de l’établissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre, l’autorité compétente sur la gestion des déchets ménagers. Des opérations “coups de poing” sont également organisées pour nettoyer un quartier en profondeur.

Le service Environnement se réunit avec le service Entretien-exploitation et la police municipale pour décider de la zone. Les riverains sont prévenus et, le jour J, les véhicules-ventouses sont retirés. Balayeuses, arroseuses et aspirateurs peuvent ensuite prendre le relais.

Pour améliorer la propreté en ville, les agents de la brigade propreté et les cantonniers vont au-devant de la population. “C’est la base de notre métier. Les riverains sont habitués à nous voir, donc on discute ensemble”, soutient Charles, qui balaie dans le quartier Paul- Froment/8-Mai-1945. La ville organise aussi des ateliers auprès des plus jeunes, avec ses animateurs déchets ou un prestataire spécialisé, l’association Bagneux environnement. Celle-ci a fait ses premières interventions de 2024, en mars, notamment auprès des élèves des écoles élémentaires Paul-Éluard A et B. “On part des emballages de leurs biscuits, et on montre que, s’ils les laissent par terre, ça peut engendrer beaucoup de déchets et micro-plastiques”, explique Nourdine Djamil, animateur.

Les ateliers, interactifs poussent les enfants à suggérer eux-mêmes des solutions pour chacune des problématiques abordées. Et pour sensibiliser le plus grand nombre, des nettoyages citoyens auront lieu durant la Semaine de la propreté, du 22 au 28 avril. Concernant les mégots, la ville a signé un contrat fin 2023 avec l’éco-organisme Alcome, financé par les fabricants de cigarettes sur le principe “pollueur-payeur” inscrit dans la loi depuis 2020. Au programme : un soutien financier d’environ 198 000€, la dotation de cendriers de ville et de poche et un objectif de 40 % de mégots en moins d’ici 2027