Grèves dans l’Éducation nationale : désorganisation face à la pandémie et difficultés structurelles

Publiée le 11 janvier 2022 - Mise à jour le 14 janvier 2022

Le maire Pierre Bell-Lloch a soutenu les AESH lundi lors d’une manifestation devant le rectorat de Créteil. © Nicolas Wanlin

Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) sont en grève pour dénoncer un protocole sanitaire dans l’Éducation nationale difficilement applicable et un manque structurel de moyens.

L’exaspération atteint un seuil inédit dans les rangs des acteurs de l’Éducation nationale. La désorganisation s’étend dans les écoles et établissements du secondaire à cause du covid. Au premier jour de la rentrée de janvier, 55 classes étaient fermées dans les écoles de Vitry ; un lycée, au moins, tentait de fonctionner sans direction, absente en raison du covid, et on n’y compte pas le nombre d’enseignants et de CPE absents. Les parents, contraints de tester plusieurs fois par semaine leurs enfants, se sont bousculés aux points de test, dans le froid.

Ainsi, les protestations s’organisent. Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) sont en grève depuis lundi 10 janvier, et les enseignants le seront jeudi 13. Ils dénoncent surtout un manque de moyens structurels de la part de l’Éducation nationale, et un protocole sanitaire difficile à pratiquer, face à la pandémie ravivée par un variant du covid, mais qui a cependant été adapté depuis ce mardi 11 janvier.

AESH en arrêt illimité

Chez les AESH, déjà montés au filet au printemps et à l’automne passés, on reste mobilisé au moins jusqu’au 12 janvier. Jour où doivent se confronter leurs revendications. Lundi 10 janvier, nombre d’entre eux étaient en grève à Vitry et dans le département.

« Les conditions de travail sont lamentables en ce moment : des enfants n’arrivent pas à mettre ou garder leur masque, indique Dajmila Tamara, représentante FNEC-FO. On ne nous donne ni masque, ni test, et on n’est pas protégés, on est invisibles. »

Les AESH sont, en outre, opposés à la nouvelle organisation (Lire l'article :  AESH, non à la précarité), réclamant plus de flexibilité, et refusent de signer les nouveaux avenants en date limite du 12 janvier. Ils demandent son abandon ainsi que : « un vrai statut de fonctionnaire, un temps complet, un vrai salaire et une vraie formation ».

Le maire, Pierre Bell-Lloch, les a soutenus lundi lors d’une manifestation devant le rectorat de Créteil.

« Les AESH sont un élément essentiel pour l’accompagnement des enfants. Il est plus que temps que ces personnels soient considérés avec dignité en les recrutant en nombre suffisant, en les titularisant et en leur versant un salaire décent – actuellement, il ne leur permet même pas d’atteindre le seuil de pauvreté. La logique des PIAL ne vise qu’à faire plus à effectif constant. » 

Plus de remplaçants de professeurs dès début janvier

Côté enseignants, on se mobilise nationalement au niveau intersyndical pour faire grève le 13 janvier contre les conditions de travail dégradées, ravivées à chaque vague de la pandémie.

En assemblée générale, au début de la seconde semaine de rentrée, ils étaient une soixantaine à se rassembler à Vitry, sensibles à l’appel à la grève.

« Les écoles ne fonctionnent pas parce qu’on n’a pas les effectifs, explique Dominique Angelini, représentante du SNUipp-FSU 94, les enfants passent leur temps à se faire tester, beaucoup de personnes sont malades. Dès le début janvier, les 2 circonscriptions de Vitry n’avaientt plus de remplaçants. Tout le monde est excédé, les directeurs et directrices passent leur temps à contrôler les élèves et les professeurs et à envoyer les parents dans les pharmacies. On est à un stade de ras le bol complet. »

Chez de nombreux parents, l’insatisfaction est forte, comme le relaie la Fédération des conseils de parents d’élèves FCPE 94, dans un communiqué qui appelle à rejoindre la mobilisation du 13 janvier.

« Le manque d'anticipation du ministre de l’Éducation nationale présage encore de semaines apocalyptiques dans les écoles. Des dizaines d'enseignants absents ne sont toujours pas remplacés, induisant des centaines d'heures de cours non dispensées à nos enfants, ajoutant au stress des familles et des élèves préparant des examens. La FCPE 94 exige que des moyens humains soient immédiatement débloqués pour répondre aux besoins éducatifs de chaque élève en recrutant des professeurs remplaçants, des personnels de santé et éducatifs en nombre suffisant, que les moyens matériels nécessaires au respect des gestes barrière (capteurs de CO2, purificateurs d'air, masques...etc.) soient pris en charge par l'État et que les protocoles sanitaires soient élaborés en concertation avec tous les membres de la communauté éducative. »

Gwénaël le Morzellec

 

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