Réforme des retraites : pourquoi se mobiliser ?

Publiée le 20 janvier 2023 - Mise à jour le 01 février 2023

© Julian Renard

Le projet de réforme des retraites qui repousse l'âge de départ à 64 ans provoque une mobilisation inédite depuis des années. Appelée par un large mouvement intersyndical, la grève du jeudi 19 janvier a réuni plus d'un million de personnes dans les rues.

Allongement de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, allongement de la durée de cotisation à 43 ans... La réforme des retraites du gouvernement, dévoilée par la Première ministre le 10 janvier, rencontre une opposition forte et inédite depuis des années. Un front syndical CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU et Solidaires a réuni plus d'un million de Françaises et de Français aux rassemblements du jeudi 19 janvier.

Une réforme jugée inutile et injuste

Dans le cortège parisien, les élus de Vitry sont présents avec le maire, Pierre Bell-Lloch, pour dire « non à cette réforme inégalitaire et injuste, oui à une retraite en bonne santé et avec des moyens pour profiter pleinement après des années de travail. Neuf travailleurs sur dix refusent cette réforme, nous ne laisserons pas faire ! »

On retrouve également de nombreux enseignants vitriots du primaire et du secondaire. « On est là pour défendre un autre avenir avec des retraites au bon moment, avant l'épuisement et avec des moyens, témoigne Marianne Boucheret, enseignante d'histoire-géographie au lycée Jean-Macé. Et aussi pour nos jeunes, avec une pensée particulière pour les lycéens pro, dont les lycées sont cassés en ce moment, et qui vont être plus nombreux à être envoyés en apprentissage. Paradoxe donc : on demande à des jeunes de travailler de plus en plus tôt, à des personnes plus âgées de travailler de plus en plus tard. »

Partir plus tard ? Makéna, 30 ans, secrétaire médical (CGT) à l'hôpital de Vitry, ne veut pas y croire. « Je n’imagine pas travailler jusque 64 ans ou même 50 ans dans nos conditions de travail médiocres. À mon âge, je ne suis pas en mesure d’en parler, mais quand je vois les plus anciennes salariées sans augmentation de salaire, je pressens que ce ne sera pas possible. »

C’est également l’avis de Dominique, directrice d’école et responsable Snuipp-FSU94, qui s’appuie sur le rapport du Conseil d’orientation des retraites. « Ce projet préserve les richesses des personnes et entreprises les plus riches et impacte les salariés qui perdraient à la retraite argent et temps de vie en bonne santé. Quant aux jeunes, ils subissent un lavage de cerveau les persuadant que la retraite n’existera plus et ne les concernera pas. »

Pour Éric, responsable CGT à la ville, « ce projet à la vision comptable plus qu'à la vision humaine paraît le plus criant ». Judith, 40 ans, fonctionnaire à la ville, syndiquée FSU, le ressent aussi. « Je pense à mon fils de 14 ans, à son avenir, et encore à mon père que j’ai vu travailler quarante ans à un poste difficile, et nous ? Si on accepte maintenant on finira à 68 ans ? » Guillaume, 25 ans, enseignant, également en colère, prône la retraite à 60 ans.

« Ma mère se voit obligée de finir un an plus tard, et nous, les jeunes qui faisons parfois des études plus longues, quand arrêterons-nous le travail ? »

Des salariés s’interrogent aussi et s’alarment par ailleurs sur les mesures de départ anticipé et leur détail, et sur la prise en compte de la pénibilité. Le flou des mesures les alarme.

Solidarité face à la pénibilité

Etre solidaire, c’est le choix de Frédéric, à 6 mois de la retraite, agent de programmation dans les trains au Technicentre SNCF des Ardoines, qui voit ses collègues statutaires et contractuels menacés de travailler plus longtemps.

« Ce serait compliqué et usant pour beaucoup de partir plus tard, de continuer à changer des essieux, par exemple, et travailler à horaires décalés pour couvrir 6 jours sur 7. »

C’est aussi le choix de Marc, infirmier depuis trente ans, également proche de la retraite. Lui devrait travailler jusque 65 ans pour atteindre le taux plein de la pension retraite. « Notre métier nous pousse au sacerdoce, à l’abnégation pour le patient et comporte une charge physique et aussi psychologique, par exemple auprès des familles demandeuses d’information. » Il déplore les heures suplémentaires, les demandes de remplacement et les collègues en burn out. « Notre carrière, on va la finir en travaillant en déambulateur », blague l’infirmier, qui réclame augmentation de salaire et reconnaissance de la double pénibilité.

En savoir plus : Le projet de réforme des retraites
Lire l'article : Réforme de la retraite : et la santé au travail ?

Gwénaël le Morzellec

 

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