1er mai

1er mai : en première ligne, on ne les oublie pas

  
Soignants, enseignants, agents de caisse, personnel communal, ils sont au front, en première ligne face au virus. Avec bravoure, ces femmes et ces hommes travaillent, exposés, pour que la vie à Vitry ne s’éteigne pas. Pour la collectivité, pour nous tous. Ensemble, souvent invisibles, ils nous relient et forment nation.
  
Quel meilleur jour que le 1er mai pour leur rendre hommage, pour saluer leur engagement professionnel et solidaire en cette Journée internationale des travailleurs.

  

Une journée qui célèbre, depuis la fin du XIXe siècle et la lutte pour la journée de 8 heures, les combats des salariés.
Une journée portée par le mouvement syndical et la soif de justice sociale.
Une journée qui place sur le devant de la scène les travailleurs, les oubliés, les mêmes qui, aujourd’hui, sont à leur poste.
Une journée pour porter haut les revendications pour un monde du travail solidaire et égalitaire, un vœu plus que jamais d’actualité en ce contexte de pandémie.

Améliorer leurs conditions de travail, c’est améliorer notre quotidien.

À Vitry, on ne l’oublie pas, on ne les oublie pas.

  

Nicolas Beaumont, facteur

Notre profession est mieux reconnue
« Au début du confinement, notre activité a été réduite à trois jours par semaine pour nous protéger et aussi protéger les clients. Nous sommes en contact avec eux, surtout pour signer un recommandé. On se sentait un peu en danger. Beaucoup d’agents se sont mis en arrêt maladie, ont exercé leur droit de retrait. Puis, au bout de trois semaines, on a été équipés pour se protéger, gel hydroalcoolique, masques, lingettes... Ça m’a rassuré. Et j’ai compris que le courrier était d’importance vitale. On est repassé à 4 jours. Je mets du gel dès que je dois toucher une poignée de porte ou autre. Le travail est plus agréable, il y a moins de voitures, de travaux et du beau temps. Les clients nous soutiennent, nous encouragent par des messages, des dessins d’enfant. Je n’ai plus peur d’être malade. Si j’avais dû l’être, ça serait déjà fait. »

Fariborz Navid, standardiste à la mairie

Tous unis contre le Covid-19
« On a des devoirs et des droits, il faut être tous unis contre le Covid-19. Avec mes 4 collègues, et 2 en renforts, on a été en première ligne, très utiles. D'abord 7 jours sur 7, puis 6 sur 7. Les 15 premiers jours, c'était parfois incroyable avec 500 appels jour. Les habitants téléphonaient, désemparés. “Je ne m'entends pas avec mes enfants, je ne veux pas rester avec eux”, disait l'un, “Ma mère vit seule et je suis à Bordeaux, comment l'aider ?” disait l'autre... Je n'ai jamais connu ça en 21 ans de carrière. Maintenant, c'est plus calme, mais certaines demandes réaugmentent comme auprès du CCAS, pour l'aide sociale. » Et la peur ? « Au début, la crainte de se contaminer les uns les autres et d'atteindre des parents vulnérables nous a secoués psychologiquement. Aujourd'hui, je n'ai plus cet état de choc quand je rentre chez moi, à la mi-journée. »

Morgane Toupy, maîtresse d’école à Joliot-Curie

Une évidence
« Ce fut une évidence de me porter volontaire pour encadrer les enfants de soignants et de professionnels en première ligne. Je me suis dégagé une demi-journée par semaine pour renforcer l’équipe pédagogique (4 enseignants) à l’école élémentaire Henri-Wallon. Il s’agit d’apporter un peu de solidarité en cette période difficile, de poursuivre le travail de leurs enseignants, de les accompagner dans les devoirs envoyés, d’éviter les décrochages et de proposer des activités pédagogiques, de la lecture aux arts plastiques. Ces temps à l’école leur permettent d’échapper à leur quotidien parfois stressant. L’école est devenue un sas de décompression où ils avancent dans leurs apprentissages, retrouvent d’autres camarades et oublient un peu leur confinement particulier. J’ai choisi ce métier pour me rendre utile, apporter du savoir, du savoir-être, de la culture, du partage, de l’échange. »

Erwan Zidi, médecin libéral, engagé dans le centre Covid-19

Il ne faut surtout pas laisser de côté les patients
« Je me suis engagé dans le centre Covid-19 de Vitry parce que c’est ici que j’exerce mon métier et que c’est un équipement indispensable pour la plus grande ville du Val-de-Marne. Certains patients sont fragiles, d’autres ont des conditions de vie ou de promiscuité qui sont des vecteurs de contagiosité. Ce centre répond aussi à un besoin pour les patients qui n’ont pas de médecin traitant, où dont le médecin traitant est absent, malade ou ne peut les recevoir dans de bonnes conditions. J’y exerce des vacations l’après-midi et, le matin, je m’occupe de mes patients au cabinet. Il est absolument nécessaire que les patients fragiles ayant des pathologies chroniques gardent le lien avec leur médecin. Les grandes difficultés face à cette crise sanitaire majeure ne doivent surtout pas laisser de côté les patients souffrants d'autres pathologies chroniques. »

Hervé Chartier, agent de propreté urbaine

Ces nouvelles méthodes de travail pourraient nous aider après la crise 
« Il y a moins de déchets dans les rues ! L’environnement est beaucoup plus agréable depuis le début du confinement. Les premiers jours, ça faisait un choc, tout ce calme ! On croise peu de monde, et ceux qui nous voient nous remercient, nous encouragent. C’est valorisant, j’espère que ça continuera. On a tout de suite eu des horaires réduits. On travaille du lundi au vendredi, le matin de 6h à 12h15 et une semaine sur deux (on tourne avec un coéquipier). Côté matériel, on a ce qu’il faut pour se protéger de la contamination des déchets (2 masques par jour, un flacon de gel par semaine, des gants lavables, des lingettes et une lotion désinfectante). J’ai été un peu désorienté la première semaine, mais très vite les nouveaux gestes sont devenus instinctifs. J’avoue que j’ai toujours un peu de stress lorsqu’il faut ramasser un mouchoir ou un gant. »

Jocelyne Gérard, caissière en supérette

Comment feraient les gens pour manger, sans nous ?
« Nous travaillons en effectif réduit et devons pallier les absences. Même si la direction du magasin a eu la bienveillance de réduire les horaires d'ouverture, nous sommes parfois contraints de travailler 10 heures par jour. Chaque matin, et pendant 2 heures, nous participons au nettoyage du magasin avant son ouverture. C'est épuisant physiquement et moralement. Bien sûr, nous ne sommes pas en première ligne comme les personnels soignants, mais être en seconde ligne n'est pas chose facile. Beaucoup de clients ne se rendent pas compte des efforts que nous devons fournir pour rester aimables et souriants tout en respectant des mesures strictes d'hygiène. Heureusement, il y a entre nous un réel esprit d'équipe qui s'est tissé au fil des années, tous métiers confondus. Et il faut continuer : comment feraient les gens pour manger, si nous n'étions pas là ? »

M. Fontaine, agent de proximité à l’OPH

Solidaire dans la difficulté
« Aujourd’hui, j’effectue la sortie des encombrants de la cité Germain-Defresne avec quatre de mes collègues. Depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, notre travail est rythmé par le nettoyage le matin et les travaux techniques l’après-midi. Concernant le nettoyage, il y a un manque de respect de notre travail. C’est surtout flagrant le lundi matin, car certains locataires jettent des déchets par les fenêtres pendant le week-end, il y a du boulot. Avec la pandémie, toutefois, les locataires ont compris que les équipes sont restreintes et n’appellent plus que s’il y a urgence : une fuite d’eau importante qu’il faut réparer. Ce qu’il y a de bien, c’est que nous nous entendons bien dans notre équipe, nous sommes solidaires. »

Catherine, aide-soignante aux services municipaux des soins infirmiers et des aides à domicile

On est bien là, toute l’équipe est mobilisée !
« Au-début de la crise, j’ai eu très peur d’être contaminée par le virus. Le matin, en allant travailler, j’étais frappée par la ville déserte, comme une ville morte… l’angoisse ! Ensuite, au fil des jours, les craintes se sont atténuées. Je me sens protégée par notre équipement : gants, masques, blouses… Le nombre de visites par jour, au cours desquelles nous prodiguons des soins d’hygiène, administrons éventuellement des traitements et assurons un lien avec les personnes âgées, est un peu réduit. De plus, nous avons des retours positifs de bénéficiaires et de leur famille, très soulagés que le service continue. On est bien là, toute l’équipe est mobilisée ! Et des journées ponctuelles de confinement nous permettent de souffler et faire baisser le tension. »

La rédaction
Photos : Sylvain Lefeuvre

Page publiée le 28 avril 2020 - Mise à jour le 04 mai 2020